Balzac et la petite tailleuse chinoise de Sijie Dai

"Je hais tous ceux qui nous ont interdit ces livres."

Sijie Dai.

Quatrième de couverture.

« Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts: à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais : Dickens, Kipling, Emily Brontë... - Quel éblouissement! - Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara : Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »

L'auteur.

Dai Sijie est né en 1954 dans la province chinoise du Fujian. Considéré comme un 'intellectuel bourgeois', il est envoyé pendant trois ans en rééducation dans un village de montagne (de 1971 a 1974).

Par la suite, il retournera au lycée... Il étudiera par la suite l'histoire de l'art, puis fera une école de cinéma. Il viendra en France après avoir gagné un concours et réalisera son premier film : Chine, ma douleur qui déjà remportera plusieurs prix.


Pourtant, son premier roman ne date que de 2000, mais sera immédiatement adapté au cinéma (2002). Il est amusant de constater que ce livre a été traduit dans de nombreuses langues, sauf le chinois ! Ce livre a obtenu le prix Femina en 2003.





L'histoire.

Comme vous pouvez le constater, ce livre contient donc une part d'autobiographie, puisque le héros est lui aussi envoyé en rééducation dans la chine profonde.

Ce livre narre la vie de deux jeunes hommes et leur rencontre avec la petite tailleuse chinoise. Leurs périples dans les montagnes, les stratagèmes qu'ils vont mettre en place pour rester tranquillement dans leurs masure, au lieu de travailler... tel des esclaves, pour le compte de la révolution.

Cette partie historique m'a beaucoup plu. Elle donne un autre regard sur la chine de ces années, avec un humour et un recul formidable. Jamais un mot de travers mais pourtant on ressent toute la souffrance de l'auteur.

Le livre amène à la découverte des œuvres de plusieurs auteurs français, avec une tendresse infinie et un respect des œuvres incroyable. Il les raconte a sa façon et les fait vivre. Il leur donne un souffle magnifique.
Quand à la partie sentimentale, elle est joliment racontée, sans tomber dans une romance à outrance et en évitant les écueils d'une narration crue. Bref, un vrai régal.

Le style.

Dai Sijie n'a rien a envier aux auteurs qu'il met en valeur dans ce livre. Si style est pur. Ces mots simples sont donnés avec tant de chaleur et de douceur, qu'ils vous entrainent lentement au fil des pages.

L'humour doux et toujours présent, rend l'atrocité de certaines scènes bien plus agréables... et mâtine le livre d'une certaine distance qui permet au lecteur de ne pas s'arrêter sur une vérité trop ardue, mais de 'l'intégrer dans un vécu global.

Bref un talent énorme chez cet auteur, qui nous fait vivre une situation dramatique, avec le sourire.

Au final.

A lire. Forcément.