American Gods de Neil Gaiman

« Ombre purgeait trois ans de prison. Il était assez costaud et avait plutôt l'air de ne pas se laisser emmerder pour que son plus gros problème soit de tuer le temps. »
Premières phrases.

 Ce livre m'a été prêté par une amie Blogueuse : Frankie. Merci beaucoup.

L'auteur

Neill Gaiman est né en 1960 en Angleterre.

Après des études de journalisme, il s'est consacré aux Comics (BD) avec, notamment, la série Sandman avant de signer plusieurs livres en collaboration avec Terry Prachett ou Dave McKean.

American Gods a obtenu 5 prix littéraires en 2002 et 2003, comme l'indique la jaquette du livre présenté ci-dessus.


Résumé officiel

 Dans l'avion qui l'emmène à l'enterrement de sa femme tant aimée, Ombre rencontre Voyageur, un intriguant personnage. Dieu Antique, comme le suggèrent ses énigmes, fou, ou bien simple arnaque ? Et en quoi consiste réellement le travail qu'il lui propose  ?
En acceptant finalement d'entrer à son service, Ombre v se retrouver plongé au sein d'un conflit qui le dépasse : celui qui oppose Héros Mythologiques et nouvelles idoles profanes de l'Amérique. Mais comment savoir qui tire réellement les ficelles : ces entités légendaires saxonnes issues de l'aube des temps, ou les puissances de consumérisme et de la technologie ? À moins que ce ne soit ce mystérieux M. Monde...

L'histoire

Au début du livre, Ombre qui vient de passer trois ans en prison est libéré sur parole (il aurait dû faire 6 ans), et apprend que sa femme et son meilleur ami viennent de mourir dans un accident de voiture et qu'ils étaient amants ! Le départ m’a plu, je m’attendais à suivre les pas d’Ombre dans son deuil, mais j’avoue que la suite m’a dérouté…

Lors de son voyage en avion, il rencontre Voyageur. Celui-ci lui propose de l’engager. Ombre refuse dans un premier temps, mais lorsqu’il comprend que son avenir est un peu bouché suite au décès de son ami et patron (l’amant de sa femme) il finit par accepter. Pacte entre les deux hommes est conclu par une boisson : de l’hydromel. La boisson des Dieux, même si Voyageur avoue ne pas en boire : c’est infect !

La suite est un grand road movie… où Ombre suit les délires de Voyageur et finit par comprendre qu’il est l’avatar d’Odin en Amérique (En Anglais, le nom de Voyageur est Wenesday, qui signifie Jour de Wotan, soit jour d’Odin. Il est dommage que cette valeur ne soit pas reprise en Français…)

Mais revenons aux avatars. Lors de leurs immigrations en Amérique, les africains, les saxons et les autres, ont amené avec eux leurs croyances. Comme cette femme anglaise Essie Tregowan qui racontait à ces enfants l’existence des Leprechauns et qui finira par être emportée par l’un d’entre eux (Sweeney le dingue). Neil Gaiman va tout au long du livre narrer la colonisation américaine, sous couvert d’une histoire sur les dieux, il va rappeler des faits, et même des outrages de l’histoire. Sous forme de petites histoires parallèles, ces contes portent sur les tribus primitives (remontant à 14 000 avt JC) puis sur les premiers Vikings (et la pendaison en hommage à Odin, déjà), les immigrants anglais (1720) qui étaient pour la plupart des condamnés à l’exil (Essie Tregowan) ou encore les noirs africains ramenés par bateaux pour devenir esclaves (Wututu et Agasu, les jumeaux vendus par leur oncle)… enfin, cet homme du sultanat du Oman qui rencontre un Djiin taxiteur dans New York.

Ces petites histoires sont ce que j’ai préféré dans le livre, bien plus que l’histoire de Voyageur… qui est pourtant le fil rouge. Elles apportent un regard intéressant sur la mixité de cet ensemble d’états. Et puis, j’aime bien l’Histoire… mais cela ne fait pas tout, et surtout ce ne sont que des parties, des interludes. Le but de Gaiman dans ces contes est principalement de montrer que la foi s’est perdue dans le temps. Que les Dieux adorés auparavant ne sont que des souvenirs. De nouveaux dieux sont nés : la Télévision, Internet… Et ils revendiquent leur supériorité ! Gaiman évoque à ce sujet un changement de Paradigme (j’ai trouvé amusant qu’il fasse dire cela à un obèse gavé de Hamburger… et représentant Internet). J’ai cherché la définition de ce mot : un changement de paradigme est une modification de la vision du monde d'une société donnée. Gaiman l’évoque donc pour expliciter la guérilla existant entre les Dieux.

Mon principal reproche est que l’ensemble est fouillis ! On passe d’un conte à l’histoire d’Ombre, puis on se perd dans des rêves, dans les nombreuses références citées par l’auteur, on revient dans un semblant de réalité… j’aurais aimé voir un peu plus de sentiments, de songes d’Ombre qui affronte tout cela avec froideur ! Pas de deuil, par exemple, lors du décès de son épouse, c’est vraiment dommage. Certes, l’auteur distille les informations au compte goutte tout au long de son texte, donnant quelques indices de-ci de-là. Rien n’est anodin, comme la rencontre avec Sam-fille l’autostoppeuse…

Quant aux dieux ancestraux, Gaiman en donne une version humoristique qui ne m’a pas touchée. J’avoue que, lire les ébats de la Reine de Saba se prostituant et quémandant un hommage avant de faire disparaître son amant m’a même choqué ! Bon, Anubis et Thot qui s'occupent des corps de morts, c’était presque amusant.

Le style

Le narrateur est extérieur, et nous suivons soit Ombre, soit les personnages principaux des micro-contes. C’est sombre, parfois macabre, teinté d’un humour anglais qui d’habitude me ravit, mais m’a laissée pantoise.

Les dieux évoqués sont dépeints avec humour (noir) et apparaissent tous plus dépravés les uns que les autres au point d’user d’un langage vulgaire. Seule Zorya Polunochnaya (déesse slave de la nuit) semble résister à cette tendance… mais elle dort le jour durant, peut-être que l’influence des nouveaux médias ne l’a pas encore touché et que la grâce de la lune a su la préserver ? Or, je n'aime pas cette vulgarité, que j'ai déjà sanctionnée il y a peu dans un autre livre ! Je ne lis pas pour voir ce genre de mots, de situations graveleuses, mais pour m'évader... et je ne me suis pas évadée.

L’autre point à noter est l’abondance de références commerciales ! À croire que le livre a été sponsorisé ?

Les personnages sont détournés de leur divinité pour ne garder que la caricature : Hinzelmann, le kobold, sacrifie chaque année une jeune vierge, prenant ainsi le statut tout à fait moderne de tueur en série. 

Quant à Ombre, il est (Baldr) le dieu de la lumière, la beauté, la jeunesse et l'amour et surtout le fils d’Odin… C’est un joli travail qui a sûrement nécessité de nombreuses recherches, mais qui ne m’a pas vraiment convaincu. 

Le temps enfin est spécifié tout au long du livre et explicité par des dates, des journaux… même lorsqu’ils passent de l’autre côté dans les brumes, et perdent trois semaines (Saint Valentin) l’auteur retombe sur des dates et clarifie la situation.

Au final



J'avoue que, pour un livre si réputé, je suis déçue.

Je n'ai pas su y trouver mes marques, je ne peux donc pas lui allouer une notation supérieure à un Bien... 


Livre lu dans le cadre du challenge Baby-fantasy de Livr@ddict... 
(alors que c'est un livre classé en Littérature Fantastique... voir les commentaires de la Ligne verte)

13 commentaires :

bambi_slaughter a dit…

Je pense que si Neil Gaiman a mis plusieurs références commerciales, ce n'est pas pour faire du sponsoring mais pour souligner l'opposition entre les Dieux anciens (Odin, Thor, Anubis ...) et les Dieux "nouveaux" qui sont la consommation, la télévision ...

Sinon, pour ma part, j'avais adoré ce livre. :)

Véro a dit…

Mouais, je n'étais déjà pas très tentée à la base ...

nanet a dit…

@ Bambi, cela m'a juste "gonfflé" à force de lire toutes les pages ou presque des noms de marques. J'ai bien compris qu'il mettait en balance les anciens Dieux et le consumérisme actuel... mais, c'est la quantité qui m'a un peu saturé ! Le constat de départ état sympa, c'est l'ensemble qui ne m'a pas convaincu.

Biz

nanet a dit…

@ Vero : j'avoue que si ce livre n'avait pas été dans le challenge Fantasy, je ne l'aurais sûrement jamais lu ! d'autant que c'est du fantastique.... mais c'est une autre histoire. (Lexou me dit que c'est de 'Urban Fantasy. Faudra que je fasse une petite enquête à ce sujet...)

Biz

Folfaerie a dit…

Oh bon, ton avis mitigé me rassure. Je ne lis que des éloges un peu partout et moi, je l'ai (provisoirement) abandonné avant d'atteindre la moitié... Rien à faire, je n'accroche pas et en plus, je suis aussi un peu allergique à la vulgarité. Je m'attendais réellement à un chef-d'oeuvre, sans doute est-ce pour ça que ma déception est aussi grande...

Frankie a dit…

C'est vrai que ce livre est parfois désarçonnant et un peu brouillon mais j'avais bien accroché à l'histoire ! Et j'ai vu que tu parles de moi, merci ! :)

nanet a dit…

@ Folfaerie : C'est difficile d'avouer que l'on n'a pas aimé un livre qui a été encensé par d'autres... mais, la liberté de penser est a ce prix ! Ce livre n'est par pour moi un chef d'œuvre, et je constate au fil des mots laissés ici qu'il ne fait pas tant l'unanimité que ça.

Biz

nanet a dit…

@ Fankie : avec plaisir. Sans toi, je n'aurais pas pu le lire avant assez longtemps.

Tu as raison, le côté brouillon est assez dérangeant. Mais bon, je vais laisser le temps passer sur ce bouquin.

Tu as lu l'explication de Lefl sur l'Urban Fantasy dans mon suivi ? C'est assez intéressant.

Biz

Miss Spooky Muffin a dit…

Dommage que tu n'aies pas aimé mais je peux comprendre, c'est en effet un peu vulgaire et brouillon... on accroche à l'ambiance ou pas après tout :)

Pour Voyageur, il y a bien une référence à Odin, elle provient de l'Opéra de Wagner sur la mythologie nordique où il porte ce nom (dommage que ce soit aussi peu évident).

Frankie a dit…

Oui, mais je l'ai lu vite fait ! Il faut dire que je passe peu de temps sur les suivis dernièrement.

accrocdeslivres a dit…

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Accrocdeslivres

nanet a dit…

@ Miss Spooky : Merci pour cette info. Je ne l'avais pas trouvé en faisant mes recherches.

Pour Gaiman, je tenterai autre chose de lui : Les bons présages avec T Prachett

Biz

nanet a dit…

@ Frankie : moi non plus... je suis un peu surbook au boulot, donc je passe un mini de temps sur le site.

Biz

 

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