Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini

"Les Etats-Unis étaient différents. 
Ils s'apparentaient à mes yeux à un fleuve tumultueux qui avançait, insoucieux de son passé. Je pouvais m'y plonger, laisser mes péchés couler au fond et le courant m'entraîner au loin. Au loin, vers un lieu qui ne hantait nul fantôme, nul souvenir, nul péché. "
(P149)
L'auteur


Khaled Hosseini est né à Kaboul, en Afghanistan, en 1965.

Fils de diplomate, il a obtenu avec sa famille le droit d'asile aux Etats-Unis en 1980. Il y pratique de la médecine et débutera l'écriture de son premier roman, Les Cerfs-Volants de Kaboul en 2001.

Ce livre a bénéficié d'un extraordinaire bouche à oreille. Acclamé par la critique, il est resté de nombreuses semaines en tête des listes aux Etats-Unis, où il est devenu un livre-culte. Les Cerfs-Volants de Kaboul a reçu le prix RFI et le Grand prix des lectrices de Elle en 2006. 

 Résumé officiel

Dans les années 70 à Kaboul, le petit Amir, fils d'un riche commerçant pachtoun, partage son enfance avec son serviteur Hassan, jeune chiite condamné pour ses origines à exécuter les tâches les plus viles. Liés par une indéfectible passion pour les cerfs-volants, les garçons grandissent heureux dans une cité ouverte et accueillante. Ni la différence de leur condition ni les railleries des camarades n'entament leur amitié. Jusqu'au jour où Amir commet la pire des lâchetés... Eté 2001. Réfugié depuis plusieurs années aux Etats-Unis, Amir reçoit un appel du Pakistan. " Il existe un moyen de te racheter", lui annonce la voix au bout du fil. Mais ce moyen passe par une plongée au cœur de l'Afghanistan des talibans... et de son propre passé. 

Le film



Les Cerfs-volants de Kaboul (The Kite Runner) est un film de Marc Forster sorti  en 2007 aux États-Unis.

Le film reprend une grande partie de l'histoire mais sans les nombreuses subtilités apportées par le livre. Il reste toutefois assez fidèle, et montre bien la relation tendue entre les deux enfants et le remord de Amir.

L'histoire

Il est des livres que l'on repousse dans le temps, en sachant qu'ils vont vous toucher, vous assaillir et peut-être vous faire verser une larme. C'est le cas de ce bouquin. On me l'a proposé il y a assez longtemps, je l'avais refusé. J'avais peur d'y trouver une analyse des événements du 11 septembre... puis, un jour, je l'ai acheté, et posé dans mon étagère (surchargée) des livres à lire. Il y est resté. Enfin, Frankie à proposé de le lire en commun. J'ai hésité, mais après tout, je l'avais acheté pour le lire, un jour.

Dès les premières pages, Amir et Hassan courent dans les villes d'un Kaboul encore construit, encore vivant, gai. En fait, les toutes premières pages sont consacrée à Amir en juin 2011 et à un coup de téléphone qui le fait basculer dans son passé. Mais, c'est un petit stratagème de l'auteur, le véritable conte commence avec ses souvenirs, en 1975 alors qu'il à douze ans...

Deux enfants que tout sépare. Un Hazara et un Patchoun. Un riche et un pauvre. Un lettré scolarisé et un serviteur futé. Un courageux et un réservé. Et leur vie faite de cette relation suivie, entre jeux un peu barbares, prières et lecture. Et surtout les Cerfs-volants... Leur connivence s'estompe quand d'autres arrivent, et Hassan redevient le petit de Ali, devant fièrement servir son maitre.

Jusque là, pas de quoi verser une larme. Juste trouver Amir particulièrement ingrat, juste comprendre que leur monde était si similaire au notre, avec des joies simples,des rires innocents, et des valeurs à préserver, des façades. C'est la suite qui nous entraine dans un tourbillon de sentiments. C'est ces jeunes patchouns si sur de leur supériorité qu'ils vont donner une leçon au pauvre Hassan. C'est le courage de cet enfant qui se relève et continue de vivre, après quelques jours de "fatigue". C'est sa dévotion qui lui fait avouer un crime qu'il n'a pas commis pour que son maitre ne soit pas puni...

Et là, j'ai senti monter en moi cette horrible sensation, celle qui me fait surtout lire des livres fantasy car je sais que les héros ne sont pas réels, que tout le mal qui leur arrive est fictif ! Car, même si ce livre se veut lui aussi fictif, comme l'indique l'éditeur dans un petit paragraphe, il a des relents de vérité troublant. Cela aurait pu arriver, cela a dû arriver à d'autres qui ne s'appellent pas Hassan ou Amir mais qu'importe. Le conflit entre c'est tribus a entrainé tant de pertes humaines. Et mal gré les années de guerre, des hommes se targuent encore d'être supérieur, d'être "chez eux" ! je rage de voir tant de haine sous un prétexte si fallacieux.

Mais je dévie du thème du livre qui se veut être aussi l'évocation de l'histoire d'un homme au travers ses erreurs, ses choix, et au final une sorte de rédemption. Le retour de Amir a Kaboul, après ses études, sa vie aux états-unis est frappant. Son regard change, bien sûr, et voir ce pays qu'il a fuit avec son père, à présent détruit provoque en lui la force nécessaire pour accomplir une tache bien rude. Lui qui a toujours évité les conflits, qui s'est toujours retranché derrière son Hassan, va enfin affronter la dure loi de la vie : se battre. Et, il s'en trouvera libéré au point de rire !

La suite m'a paru si fade après ces gestes de survie... toute la partie sur Peshawar puis Islamabad m'ont paru si loin, bien moins touchantes, jusqu'à ce que Sorhab se révolte contre son sort. Il le fait a sa façon, avec ses moyens et l'on pourrait reprocher à l'auteur d'en faire un peu trop pour le coup, puisque ces personnages avaient déjà beaucoup souffert. C'est le passage du livre que l'ai le moins aimé, et j'ai lu la suite juste pour savoir ce qui se passait, sans vraiment trouver à cette fin la même saveur. C'est un petit bémol, mais je tenais à le soulever.

Car tout le reste avec l'analyse fine de la situation en Afghanistan, avec l'évocation du 11 septembre et des événements qui ont suivi, avec quelques mots sur les conflits Isaëlo-Palestinien, et surtout avec une vision sage et posée d'une religion trop calomniée, m'ont vraiment plu. L'auteur a su surfer sur des moment historiques et créer une histoire forte en retenant une leçon : que plus jamais ne soit prononcé le mot Hazara pour désigner un enfant !

Le style

Le style de Khaled Hosseini est simple et touchant. Il puise au fond de nos coeurs, directement et nous entraine avec lui dans cette histoire. Entre conte et réalité, l'auteur a choisi de parler à la première personne et de nous immerger avec Amir dans la culpabilité.

"Je suis devenu ce que je suis aujourd’hui à l’âge de douze ans, par un jour glacial et nuageux de l’hiver 1975. Je revois encore cet instant précis où, tapi derrière le mur de terre à demi éboulé, j’ai jeté un regard furtif dans l’impasse située près du ruisseau gelé. La scène date d’il y a longtemps mais, je le sais maintenant, c’est une erreur d’affirmer que l’on peut enterrer le passé : il s’accroche tant et si bien qu’il remonte toujours à la surface." (Premières phrases)

C'est bien pensé, puisque nous entrons dans son jeu, nous vivons avec lui cette sorte de dégout de soi-même après avoir agit si lâchement...

Les personnages sont très attachants, presque vivants. J'ai adoré Hassan que j'aurais aimé suivre en Iran, j'ai trouvé Baba touchant dans son amour pour ce gosse qui n'avait au final rien fait d'autre que de naitre au mauvais endroit, au mauvais moment... Et Soraya est adorable.

Le temps, comme je l'ai évoqué plus haut, dure de 1975 à 2001, de façon quasi linéaire, si ce n'est un tout petit paragraphe au départ qui nous donne un point de départ. Ce sont les souvenirs de Amir qui nous suivons, à partir d'un coup de téléphone décisif, jusqu'à son retour chez lui.

Au final 

Oui, très bon, et très touchant. Je ne vais pas plus haut, car la partie sur Peshawar est pour moi de trop. Le réalisateur du film a dû sentir la même chose, puisqu'il a choisi de ne pas l'inclure...




Livre lu dans le cadre d'une Lc sur Livr@ddict avec : Frankie, isa1977, Stellade sur le blog Livr@ddict, Livrons-nous, Fleurdusoleil, Felina, Yogi, Bambi_Slaughter, Korto, ô pâle étoile

12 commentaires :

Frankie a dit…

Tout m'a plu dans ce livre, même la partie dont tu parles. C'est vraiment un beau roman, assez dur parfois et très émouvant. Et j'adore ton article, je le trouve superbe !

isa1977 a dit…

J'ai trouvé, tout comme toi, ce livre et ses personnages très touchants.

nanet a dit…

Merci Frankie, et merci de m'avoir "poussé" à le lire...

C'est un beau livre, que je conseille vivement.

Biz

nanet a dit…

@ Isa : Oui, les personages sont très bien décrits, complexes et entiers.

Biz

Véro a dit…

J'aimerai le lire car il est dans ma PAl depuis longtemps et comme il fait partie d'un baby-challenge, je crois que je vais profiter pour faire d'une pierre deux coups...

nanet a dit…

Et bien, bonne lecture, ce livre vaut le détour...

Biz

Anonyme a dit…

Moi aussi j'ai été particulièrement touchée par Hassan. Je trouve que l'auteur a vraiment bien travaillé sur la psychologie de ses personnages.

Même si j'ai vraiment apprécié ce livre, il est vrai que j'ai trouvé quelques longueurs parfois. Toutefois, ces longueurs me semblent utiles, car elles permettent de faire retomber quelque peu toutes les émotions qui ont été mises en jeu dans les passages forts.

nanet a dit…

@ ô pâle étoile : C'est un beau livre, effectivement, construit et touchant. Peut-être as-tu raison pour les longueurs... mais ce n'est pas ce qui m'a gêné, c'est surtout la dernière partie avec le sort de Sorhad et son acte. J'ai trouvé que c'était de trop.

Biz, nanet

Eva a dit…

Je n'es pas encore lu le livre, mais après ce que tu dis sur ton blog, je suis partant, j'ai regardé, il y a pas longtemps le film justement. ;)


biz

Eva.

nanet a dit…

@ eva, le film est touchant, mais le livre l'est encore plus ! je te souhaite de prendre autant de plaisir à la lire que moi même..

Nico a dit…

J'ai beaucoup beaucoup aimé ce roman, passionnant, envoûtant et instructif. Une merveille.

pomm a dit…

Troisième question:

un roman afghan
trois romans australien
un roman chilien
un roman indien
trois romans japonais (ou manga)
trois romans chinois
un roman colombien

DONC 13 :)

 

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