Le portrait de Dorian Gray de Oscar Wilde

«Toute influence est immorale. Influencer quelqu'un c'est lui donner son âme.»
Oscar Wilde.
Livre lu dans le cadre du Challenge Les 100 incontournables de livraddict.

L'auteur

Oscar Wilde, Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde, est un écrivain irlandais, né à Dublin en 1854 et est décédé à Paris en 1900.

Adepte du mouvement 'esthète' prônant la recherche du 'beau', il choque la société mondaine par ses extravagances, son cynisme ainsi que sa relation passionnée avec  Lord Alfred Douglas, à l'heure ou l'homosexualité est punie par la loi. Ses pièces de théâtre sont souvent interdites de représentation. C'est son roman, 'Le Portrait de Dorian Gray', qui lui assure le succès.

Il sera aussi Rédacteur en chef du magazine The Woman' s World où il prend fait et cause pour le féminisme. 

Le résumé officiel

"Dorian Gray, jeune dandy séducteur et mondain, a fait ce vœu insensé : garder toujours l'éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et de fait, seul vieillit le portrait où se peint l'âme noire de Dorian qui, bien plus tard, dira au peintre : "Chacun de nous porte en soi le ciel et l'enfer."
Et ce livre lui-même est double : il nous conduit dans un Londres lugubre et louche, noyé dans le brouillard et les vapeurs d'opium, mais nous ouvre également la comédie de salon des beaux quartiers.
Lorsqu'il parut, en 1890, il fut considéré comme immoral. Mais sa singularité, bien plutôt, est d'être un roman réaliste, tout ensemble, et un roman d'esthète - fascinants, l'un et l'autre, d'une étrangeté qui touche au fantastique."

LGF - Livre de Poche (19 décembre 1972) - 285 pages - ISBN-13: 978-2253002888

Le film

Plusieurs films ont été réalisés à partir de cette histoire. notamment celui de Oliver Parker, avec Ben Barnes dans le rôle de Dorian Gray sorti en 2009



L'histoire

L'histoire est connu, cet homme qui ne peut vieillir et qui passe les années tel un jeune homme adulé par les femmes... mais taisant un lourd secret. 

Ce n'est pas vraiment cette histoire qui a permis le succès de cet ouvrage. C'est tout ce que Oscar Wilde y a déposé, toute l'analyse de la beauté, de l'art... alors certes le personnage de Dorian peut décevoir par la cruauté de ses gestes, de ses actes alors que son doux visage reste immaculé. Que ses cheveux angevins restent d'une blondeur accablante... On le voit s'adonner à toutes la luxure possible, prônant l'hédonisme et le culte de la beauté, sous la coupe de son mentor Lord Henry ! C'est très fort et la morale très anglaise de la fin de siècle se trouve un peu bousculée...(le livre est sorti en 1891)

J'ai trouvé dans un article une belle définition que je voudrai vous donner ici : Un conte noir plein de sève et de rebondissements qui s'articule autour d'un fort propos sur l'Art, l'expression picturale, la conscience de l'artiste, ainsi que sur les manifestations de l'orgueil humain et ce qu'il est convenu d'appeler "les chemins de la perdition". - Par Didier Robrieux / La République des Lettres- 

C'est exactement ce que j'ai ressenti lors de la lecture. Un conte noir mais si riche, si fourni. Car Oscar Wilde a poussé très loin son écriture, et donne un éclairage très spécial de la vie de Dandy. Outre les mésaventures de Dorian, l'auteur dépeint les us d'une aristocratie anglaise de fin de siècle, avec les salons, les Lady et ces hommes fumants tranquillement leurs cigares lors de soirées huppées.  

Le roman est classé dans la littérature fantastique, souvent comparé d'ailleurs a Peau de Chagrin de Balzac, pour le mythe de Faust et une certaine décadence du corps lié à un serment, un pari. Ayant lu les deux livres il y a plus de vingt ans, (entièrement pour l'un et quelques morceaux choisis pour celui que je vous présente aujourd'hui) je dois avouer que j'ai trouvé les deux destins similaires. Ce n'est d'ailleurs pas la seule comparaison que l'on puisse faire... des critiques ont soumis l'idée que Wilde voulait recréer une Comédie Humaine. Mes lacunes en littérature ne me permettent pas de pousser aussi loin l'analyse comparée.

Pour reprendre un peu la présentation de ce livre, je voudrai parler un peu plus de Basil. Grand ami  de Dorian, l'artiste peintre Basil Hallward est obsédé par la beauté de ce dernier et en tire toute son inspiration.  Il en fera un portrait magnifique, qu'il refusera d'exposer... ne voulant pas montrer au monde cette adoration, et surtout la part de lui même qu'il a glissé dans l'œuvre. J'ai adoré tous les passages du début, et la relation particulière qu'entretenait les deux hommes, entre flirt et amitié. On peut bien sûr y voir également des références à l'homosexualité de Wilde...

Il n'y a dans ce livre qu'un seul chapitre qui ne m'ait pas réellement plu, le quatorzième, où l'on voit Dorian s'adonner à de multiples passions, de la broderie à la musique... pendant que les années s'écoulent. Certes, l'auteur présent là une facette de son caractère, avec cette fuite en avant mais j'ai préféré les chapitres précédents et même celui très noir où il rejette la belle Sybil. Peut-être parce que j'avais compris le caractère du personnage et son devenir ?

Enfin, j'ai bien aimé l'intrigue "Vane" et le doute qui subsiste avec le retour du frère... je n'en dirai pas plus, pour ceux qui ne connaissent pas la fin de l'histoire. N'ayant lu, il y a vingt ans que des passages je n'avais pas saisit cette partie de l'histoire. Je suis ravie de l'avoir lue. 

Le style

"Dire qu'un livre est moral ou immoral n'a pas de sens,  
un livre est bien ou mal écrit c'est tout"

Et, là je ne peux que cautionner cette belle citation de l'auteur... car, de ce livre je ne retiendrai que cela : le style quasi parfait.

Les descriptions sont divines, les dialogues qui peuvent sembler un peu longs sont la base de la constructions du personnage et ne sont pas un réel échange mais des leçons d'un mentor envers son bel et studieux élève... Le narrateur est extérieur et toutes les scènes présentées sont pratiquement centrée sur Dorian. Quelques passages pourtant nous dévoilent les autres personages.
Le langage de Wilde peut sembler un peu suranné, comme pour tous les livres de la fin du siècle  dernier, mais cela me m'a pas gêné personnellement, d'autant que la richesse du vocabulaire et la composition parfaite et harmonieuse des phrase fait vite oublier l'âge de l'écrit.
Les personnages sont assez peu dépeint en comparaison à Dorian lui-même. L'auteur en dresse un portrait physique et moral, surtout pour expliciter les relations et les influences envers son héros. J'ai beaucoup aimé Basil et lord Henry. Beaucoup moins la belle Sibyl Vane que j'ai trouvé un peu fade et trop vite amourachée de notre "prince charmant". Les autres ne sont que des personnages secondaires sans réel intérêt, même si Oscar Wilde s'attarde sur chacun et en donne une description précise.

Le temps file dans le livre après les quelques mois du début, on passe rapidement les vingts années de la vie de Dorian, avant d'arriver aux scènes finales du livre et de sa vie... Pas de retour en arrière, juste la vague évocation de son grand-père, de l'histoire de sa mère. Wilde traite le temps présent, pas les réminiscences du passé...

Au final

Une Œuvre majeure de la littérature, que je regrette de ne pas avoir lu plus tôt... 
Je pense que ce livre doit être soit adoré, soit détesté... j'ai pour ma part beaucoup aimé.


11 commentaires :

Alex a dit…

Comme je te l'ai déjà dit, j'ai détesté ce livre. Rien ne m'a plu dans l'histoire comme dans ce qu'il y a autour. A oublier pour moi^^

nanet a dit…

J'ai lu ton avis sur Livr@ddict, effectivement. C'est vrai que ce livre doit ou plaire ou être détesté, il est entier...

Biz

Frankie a dit…

Tu avais lu mon article sur ce livre quand je l'ai lu en juillet et tu sais donc que je suis restée complètement hermétique à ce livre et ses personnages ! Je le regrette d'ailleurs !
En tout cas, bravo pour ton billet qui reflète bien l'amour que tu as éprouvé pour ce roman.

nanet a dit…

Merci.

Il en faut rien regretter... chacun de nous trouve dans les livres ce qu'il cherche.

J'en attendais de la beauté je n'ai trouvé. Je savais ce livre spécial et classé en fantastique, j'ai aussi adoré Peau de chagrin qui joue sur le même tableau. Et puis, l'écriture de ces deux grands auteurs est tout de même assez similaire, mais je ne suis pas apte à pousser cette analyse, c'est juste un ressenti.

Biz

Isa a dit…

Je suis justement en train de le lire... et jusqu'à maintenant, j'ai pas mal la même impression que toi ! L'histoire n'est pas inoubliable, mais le style, par contre !! Je me délecte de chaque parole de Lord Henry !

nanet a dit…

C'est à mon avis un très beau livre, où effectivement l'histoire n'est pas passionnante, mais le style quasiment parfait.

bookemixer a dit…

J'ai été impressionné par cette oeuvre. L'écriture est talentueuse. Les discours philosophiques sont sophistiqués. Les personnages sont cyniques à souhait. Je fais donc partie de ceux qui ont énormément apprécié cette lecture ;-)

nanet a dit…

Oui, comme tu dis une œuvre impressionnante. J'ai adoré replonger dans cette écriture et surtout découvrir les textes dans leur contexte...

Biz, (je sais je me fais rare... je passerai sur ton blog, puisque je ne peux pas venir partager un café ^^)

Véro a dit…

Il fait partie de mes toutes prochaines lectures ...

nanet a dit…

J'espère qu'il te plaira ! Je l'ai trouvé vraiment génial.

Biz

nanet a dit…

J'espère qu'il te plaira ! Je l'ai trouvé vraiment génial.

Biz

 

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