"Knock : « Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent. » "
(P31)
Louis Henri Jean Farigoule, dit Jules Romains, est né en 1885 et mort en 1972.
Poète et écrivain français, il était aussi membre de l'Académie française depuis 1946.
Il est à l'origine du concept d'unanimisme (l'écrivain doit exprimer la vie unanime et collective de l'âme des groupes humains et ne peindre l'individu que pris dans ses rapports sociaux.), dont il fut le principal représentant, et dont la gigantesque fresque Les Hommes de bonne volonté, racontée sur une période de vingt-cinq ans, constitue le plus remarquable exemple romanesque. (27 volumes, publiés entre 1932 et 1946)
Résumé officiel
"Le tambour : Quand j'ai dîné, il y a des fois que je sens une espèce de démangeaison ici. Ça me chatouille, ou plutôt ça me grattouille.
Knock : Attention. Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ?
Le tambour : Ça me grattouille. Mais ça me chatouille bien un peu aussi...
Knock : Est-ce que ça ne vous grattouille pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ?
Le tambour : Je n'en mange jamais. Mais il me semble que si j'en mangeais, effectivement, ça me grattouillerait plus."
La pièce
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KNOCK ou le Triomphe de la médecine" de Jules Romains avec Fabrice Luchini dans la fameuse scène : "Est-ce que ça vous chatouille ou est-ce que ça vous grattouille?" Mise en scène Maurice Bénichou en 2002.
Le petit plus
Un extrait de la pièce. (ACTE III - SCÈNE IV à VI)
L'histoire
Knock est un jeune homme charmant, orateur parfait et capable de vous trouver les pires maux. Dans cette pièce, Jules Romain s’attaque à un genre fort apprécié au théâtre : la satire des médecins. Il déplie tout un vocabulaire médical pompeux, surtout efficace face à un public conquis par le personnage que par le réel savoir du docteur.
Dès le début de la pièce, nous rencontrons Knock qui arrive à Saint-Maurice, dans le but de remplacer le docteur Parpalaid. Ce dernier a décidé de prendre sa retraite à Lyon et lui cède son cabinet s’attendant à recevoir l’argent dès le premier trimestre (environ en décembre), alors que les clients ne payent qu’à la Saint Michel (en Septembre)… Knock peu ravi d’apprendre ce détail va titiller son prédécesseur et obtenir diverses infirmations sur la nature de la clientèle, qui disons le simplement, est inexistante.
Le pauvre bougre s’est fait avoir… mais comme dit la maxime, rira bien qui rira le dernier !
Knock va rebondir et bien vite mettre à profit son véritable talent. Dès son installation, il fait quérir le Tambour (homme qui cirait les nouvelles dans les villages) et lance sa publicité : les consultations seront gratuite les lundi matin (jour de marché) pour les villageois… Il commence d’ailleurs par le Tambour lui-même : c’est cette scène que je vous ai mis en extrait.
Puis, Knock s’assure le concours des pontes du village : le pharmacien (qui reconnait avoir peu de client venant de l’ancien médecin) et l’instituteur dont il exploite l’altruisme et orgueil intellectuel … et les consultations démarrent, amenant un trop plein de clients. Knock prescrit ses premiers traitements « longue durée » (scène de la dame, qui a bien du tomber un jour sur sa fesse…) avec bien sûr un coût plus élevé pour ceux qui ont une bourse bien remplie, et l’installation dans l’hôtel du village (l’hôtelière en est d’ailleurs bien contente) des patients venus de tous le canton.
On comprend rapidement que cet homme est essentiellement un homme d’affaire hors pair, qui en spéculant sur la peur des villageois (peur instaurée par ses propres soins) va imposer une demande grandissante de soins et autres médications. « Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent. » (p31) est vraiment l’axe principal utilisé par l’auteur dans cette deuxième partie. Il considère la Médecine comme un commerce, et étant fort de ses connaissances dans le négoce, il décide de devenir se servir des ses patients bien portant. Le but est de les « conserver », c'est-à-dire, de non seulement les empêcher de mourir mais surtout de les rendre rentables !
Il est évident que les qualités de Knock sont avant tout sa diplomatie et sa capacité à reconnaitre chez les autres leur point faible. Sans oublier que seul il n’aurait pas pu parvenir au succès. Sa petite équipe y gagne assurément : l’hôtelière et le pharmacien augmentent rapidement leurs profits, l’instituteur devient source de savoir.
Le dernier acte nous présente le retour de Parpalaid, au bout des trois mois convenus… Ce dernier est abasourdi par les chiffres impressionnants présentés par Knock, et la pièce se termine sur une discussion entre Parpalaid et Knock, où l'on voit Parpalaid regretter son ancien poste. Knock réussit à faire douter son confrère de sa propre santé, et le résout à se mettre au lit : ultime victoire de son pouvoir sur autrui.
Et comme je le disais au départ… c’est l’arroseur arrosé ! La petite escroquerie de départ (vente d’une clientèle inexistante) est largement compensée par les dons de Knock qui a su prouver et installer La médecine. Comme un art, comme une science occulte (il a bien vérifié qu’aucun guérisseur ne régissait le canton, ce qui lui aurait fait de la concurrence) il va prodiguer des soins à ceux qui ont envie de se croire atteints.
Le style
Cette pièce se découpe en trois actes, le premier ne comportant qu'une seule scène où l'on voit le docteur Parpalaid, son épouse, leur chauffeur ainsi que Knock. Dans les suivantes, il y a profusion de personnage, que je ne présenterai pas, certains apparaissant pour une seule scène. Knock est présent quasiment tout au long des deux premiers actes, laissant sa place lors du troisième. Il y réapparait vers le milieu.
L'auteur comme je le disais renoue avec la satire et c'est donc une pièce qui comporte tout à tour du comique de situation, et des inventions (colonne de Clarque !). C'est très drôle, mais comme toujours, les acteurs sont les meilleurs vendeurs des pièces... la lire est toutefois très amusant.
On trouve quelques indications de l'auteur en début de chaque acte, sur la mise en scène, le décor, ainsi que tout au long du texte... l'auteur à par exemple précisé la tenue que devait porter la dame en violet.
Le temps est finalement restreint, avec un bond entre le deuxième et le troisième acte de trois mois.
Au final
Ayant vu cette pièce, je voulais sur scène (pas avec Luchini, mais c'était bien quand même) je voulais la lire...
Je me suis bien amusée, et je continuerais à lire régulièrement des petite pièces de théâtre.
Lu dans le cadre du challenge 26 livre - 26 auteurs
5 commentaires :
Ouh la, ça remonte à bien loin ça ! :) J'ai le livre avec la même couverture, à la maison !
Cela remonte à loin, oui, pour moi aussi. Mais pour le fait de l'avoir vu ^^ pas de le lire...
Biz
J'avais adoré cette pièce, je l'ai lu plusieurs fois. D'ailleurs, j'ai la même édition ^^
C'est une pièce très sympathique. Apparemment bcp de monde à la même édition !
Biz
Une de mes pièces préférées dont je ne me lasse pas ... tu me donnes envie de la relire !
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