Et les hommes sont venus de Chris Cleave



Éditeur : Le livre de poche - Nb de pages : 395
Série : / 
Catégorie : Contemporain, drame



Chris Cleave est né à en 1973 à Londres.

Après une enfance au Cameroun, il a effectué ses études à Oxford, puis il a exercé divers métiers en France, en Australie et en Grande-Bretagne.



Pour sauver leur mariage, Sarah et son mari Andrew partent en voyage au Nigéria, mais sur une plage un événement inattendu les oblige à prendre une décision fatale qui va faire basculer leur vie. Sarah et Andrew font la rencontre d’une Nigérienne de seize ans, Petite Abeille, qui tente de fuir avec sa sœur les hommes qui ont décimé leur village. 

En 16 chapitres alternés, Petite Abeille, clandestine venue chercher refuge à Londres, et Sarah, rédactrice pour un magazine féminin, nous donnent leur version des événements. L’authenticité et la beauté de leurs voix portent le récit. L’une tente d’échapper aux terreurs du passé (le viol et la mort de sa sœur) et de trouver sa place dans la jungle londonienne, l’autre essaye de reconstruire une vie qui a volé en éclats après le suicide inexpliqué de son mari. Peu à peu, nous découvrons quel secret unit ces deux femmes qu’a priori tout oppose. Et pourquoi le mari de Sarah s’est donné la mort après avoir reçu un appel de la jeune Nigérienne… lui annonçant sa venue. 

Mêlant humour et désespoir, Chris Cleave nous parle ici du dilemme de la compassion, pris entre la tentation de l’égoïsme et celle du sacrifice au nom de la liberté. Le portrait magnifique de deux femmes et la rencontre de deux continents. 



Les droits audiovisuels de Et les hommes sont venus ont été acquis par la BBC, et Nicole Kidman serait pressentie pour le rôle de Sarah.



Ce livre m'a été offert par Stéphanie, lors d'un swap. Je ne connaissais ni l'auteur ni le livre. Désirant découvrir rapidement les lectures choisies par Steph, j'ai décidé de l'intégrer à mon ABC 2014. 


Deux vies de femmes, qui n'auraient jamais dû se rencontrer, et qui se retrouvent liées l'une à l'autre par un événement assez incongru.

 &

La narration de tout ce petit roman se passe à la première personne. En alternance, nous suivons le discours de Petite Abeille, puis celui de Sarah. Deux femmes : une noire immigrée clandestine, 16 ans, dont 14 de bonheur et 2 de fuite ; une trentenaire blanche, mariée, mère d'un mini Batman, amante d'un loser et journaliste dans une revue féminine vantant les sex-toys et autres joyeusetés pour femme du XXIe siècle.

Au premier regard, vues ainsi, elles n'avaient aucune raison de se croiser. Sauf, peut-être si Sarah avait eu envie de s'offrir au black une femme de ménage... mais non, cette histoire est nettement plus profonde et sombre qu'une affaire de ménage, même à trois.

L'auteur nous entraîne dans la découverte de l'immigration clandestine dans son pays, l’Angleterre, des centres de rétention inhumains, sorte de prisons où les droits minimaux sont bâclés et où les hommes et femmes survivent en attendant le jour fatidique de leur renvoie en avion vers ce pays qu'ils ont pourtant fui. Chris Cleave décrit tout cela sans porter de jugement, même si l'on sent, derrière ces mots, l'envie de faire quelque chose pour tous ces êtres venus chercher l'asile. Pas de politique envahissant les pages, pas de faux-semblants, de longues prises de position et bons sentiments. Il montre, efficacement, le décor de ces femmes, leur vécu, leurs souffrances. Il montre les difficultés d'obtention de papiers et évoque, en quelques courtes phrases, les réactions épidermiques d'autres personnes, bossant pour le gouvernement et effectuant les tâches imposées. Dialogues crus, sans saveur. Dialogues un peu caricaturaux, aussi, dans cette partie, alors que les autres, dans le livre, dans les échanges entre Sarah et Petite Abeille étaient pleins de sens, de vie ou de morts.

L'auteur chemine lentement, vers l'amitié entre ces deux femmes. L’histoire débute lorsque Petite Abeille sort du centre de rétention et la majeure partie du récit se fait en souvenirs, retours en arrière et évocation d'un passé douloureux et atrocement barbare. Tout est relaté lentement, avec des mots choisis, des expressions composées et une volonté de nous immerger dans les sens, les sentiments de cette jeune femme. Pour nous empêcher de sombrer, de pleurer dès les premiers mots, Chris Cleave a ajouté un brin d'humour. Dans le premier chapitre, c'est Yeyette qui joue le clown de service et masque par des dialogues chamarrés la triste réalité. (très joli travail sur les dialogues jamaïcains)

Par la suite, c'est ce petit Batman, enfant de quatre ans au cœur pur qui joue les trouble-fêtes, venant briser les dialogues trop durs, avec ses demandes toutes enfantines, ses réactions magiques, ses questions naturellement efficaces. C'est l'un des personnages qui m’a le plus touché, l'auteur lui ayant insufflé cette douceur de vivre, ce naturel que seuls les enfants ont conservé.
"C'est à ce moment là que le heurtoir à résonné de nouveau, que Charlie est allé ouvrir à l'entrepreneur des pompes funèbres et qu'il a hurlé dans le couloir : Maman, c'est Bruce Wayne !  " (145)
Mais ne vous y trompez pas, les sujets abordés ne sont pas masqués par ces petites touches d'humour (noir et très anglais) ils sont au contraire décuplés. L'humour, ici, vient souligner la gravité du reste, mais montrer que la vie continue, que même si quotidien est un monstre d'égoïsme, il est notre base, notre force, notre bat-station.

Et c'est grâce à ce quotidien, grâce à ses moments primordiaux de la vie que les héros s'en sortent, avancent, et se reconstruisent. Normalement. En tous cas, c'est ce que l'un d'eux voudrait. Car, ici encore l'auteur nous confronte à d'autres choix.

Si l'ensemble m'a plu, j'avoue que quelques petits passages, vers les deux tiers du livre, m'ont paru un peu longuets. Justement, ce sont ces moments de vie « normale », où Sarah tente de reprendre le cours de sa routine, de vivre comme tous les jours : métro-boulot-dodo, dans les bras de son amant, alors que son mari repose en paix depuis moins d'une journée. Certes, c'est montrer une force de caractère, c'est vouloir affronter... cela ne m'a pas convaincue, l'histoire devenant trop classique, trop banale. Thé ou café ? Oh, un thé, s'il vous plaît. Non, je n'ai pas lu ce livre pour voir les personnages s'enfoncer dans ce genre de scènes.

Alors, oui, bien pur, ce n'est qu'un court passage, qu'un souffle, qu'une pause dans la narration qui rapidement reprend les rênes et nous emporte. Un court passage à souligner, toutefois.

Je tairais la fin, comme j'ai tu l'intrigue. Je terminerai par un mot sur l'écriture fort agréable de l'auteur et sur les différences de narration vraiment visibles entre les deux parties. C'st sûrement une des plus grandes réussites de l'auteur dans ce roman.


Londres et une plage du Niger sont les deux lieux principaux de l'intrigue, qui se déroule en quelques jours à peine, depuis la sortie de Petite Abeille du centre, jusqu'à la plage où elle revient, enfin.


Les mots pour : styles différents suivant le narrateur, intrigue, l'enfant.

Les mots presque contre : quelques passages un peu longuets et trop ordinaires

Notation : 17/20



Un très beau roman, sur un sujet que je ne connaissais qu'à travers les médias. Drame ordinaire de nos temps, cette histoire racontée à deux voix m'a touchée par sa simplicité et la volonté de l'auteur d'éviter les larmoiements inutiles. 

1 commentaires :

stephanie-plaisir de lire a dit…

Je suis vraiment super contente que tu aies aimé ce roman. Ça me tenait à coeur. Tu en parles très bien je trouve, ta chronique est juste et bien appréciable car tu ne dévoiles rien du tout mais arrive à dire en même temps bcp de choses

 

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