« Quand on sait pourquoi on aime quelqu'un, c'est qu'on ne l'aime pas. »
(P468)
Éric-Emmanuel Schmitt est né en France en 1960.
Normalien, agrégé de philosophie, docteur, Éric-Emmanuel Schmitt s'est d'abord fait connaître au théâtre.
En quelques années, il est devenu un des auteurs francophones les plus lus et les plus représentés au monde. Ses livres sont traduits en 43 langues et plus de 50 pays jouent régulièrement ses pièces.
Résumé officiel
Autour de la place d'Arezzo, où les grands platanes ont été envahis par les perruches et les perroquets, vit une des populations les plus huppées de Bruxelles. S'y croisent, dans un voisinage élégant et contrasté, le fonctionnaire et l'étudiant, le bourgeois et l'artiste, la poule de luxe et la veuve résignée, mais aussi la fleuriste et l'irrésistible jardinier municipal. Des couples, des solitaires, humbles ou orgueilleux, conquérants ou vaincus, comme partout dans le monde. Tous gouvernés par leurs passions, leurs désirs, leurs fantasmes amoureux et sexuels. Jusqu'au jour où leur parvient une lettre, anonyme, identique, mystérieuse, qu'une colombe, et non point un corbeau, leur aurait adressée. Comme une bombe à retardement. « Ce mot simplement pour te signaler que je t'aime. Signé : tu sais qui. » Et chacun de s'enflammer, de rêver, d'y voir une promesse, un bonheur attendu, une blague, une menace. On peut imaginer, pour le meilleur et pour le pire, le fatal enchaînement d'espoirs, de déceptions, d'embrouilles et de drames qui s annoncent...
L'histoire
Une lettre anonyme est distribuée à plusieurs personnes, et la zizanie emporte les hommes et femmes de la place d'Arezzo. Leur quiétude, leurs mœurs se voient chamboulées par quelques mots, pourtant bien sympathiques...
Mon avis
Sortie littéraire d’août 2013, ce livre aurait dû rester loin de mes yeux, mais Unchoco a eu l'adorable idée de le proposer en livre voyageur. J'ai donc demandé une escale chez moi... puisque j’avais trouvé la plume d'EES convaincante dans ce joli roman : Oscar et la dame rose.
Les premiers mots, les premiers chapitres, ont su m'attirer, m'emporter dans l'univers des personnages, dans ce quartier Bruxellois où perroquets et autres aras ont élu domicile, amenant une touche colorée et parfois bruyante. Ces animaux sont présentés, peu ou prou, annoncent chacune des quatre parties du livre, et l'on finit par découvrir leur histoire, le pourquoi de leur présence, là, sur une place au cœur de Bruxelles. Ils deviennent acteurs à leur tour, même si ces protagonistes ne reçoivent pas la lettre...
Mais laissons les perroquets à leurs chants et revenons à celui de cet ouvrage. Chaque chapitre présentant un des protagonistes, j'ai lu la première partie en me laissant porter par ces textes courts, comme autant de nouvelles liées par deux points communs, le fait de voir de leurs fenêtres, les psittaciformes et, surtout dans ce cas précis, d'avoir reçu la lettre anonyme. La découverte de chacun avec ses rêves, ses envies, et sa réaction à la réception du courrier, étaient une entrée en matière fort ludique. Et le talent de l'auteur, narrant chaque être en jouant sur ses mots, sur son style a trouvé un écho favorable dans mon attention. J'ai eu la sensation qu'il me présentait ces personnes. Vraiment. Car les personnages sont charismatiques, bien qu'un peu caricaturaux pour certains, ce qui est volontaire de la part de l'auteur qui a ainsi tracé des portraits rapides de ceux qu'il ne voulait pas étudier, approfondir. Bref, ces présentations étaient succulentes.
Aussi, lorsque l'aventure a démarré, la lettre oubliée par les uns, promulguée en trophée par les autres, devenant prétexte aux rencontres, aux amours, j'ai espéré retrouver le charme des premiers pas. Sauf que, là, les longueurs sont venues plomber l'ambiance. D'abord, de nombreux personnages ont des mœurs particulières, avec des sauteries SM, des partouzes et autres jeux sexuels qui m'ont paru un peu trop redondants. Certes, sous couvert de ce livre, l'auteur se livre (^^) à un pamphlet d'une affaire tristement célèbre, où un haut dignitaire a vu sa carrière basculer suite à une soirée dans une suite... Et bien d'autres petites allusions viennent agrémenter ce roman, lui donnant tout à coup un petit air d'étude des mœurs, d'une époque, d'un mode de vie. Mais je me refuse à croire que, dans un même quartier, puissent vivre tant de détraqués ! Ne vous trompez pas, je parle là des personnes s'adonnant à des soirées échangistes, ne pouvant trouver leur plaisir qu'en accumulant les coïts. Pas des autres qu'ils soient homosexuels refoulés se permettant des jeux de touche-pipi dans les bois, ou addicts aux jeux d'argent.
Vous pouvez me trouver prude. J'assume cet état face à certaines lectures. C'est ici l'abondance, la redondance qui m'ont saturé. C'est comme un bon gâteau, une part c'est bien, le gâteau en entier, c'est écœurant.
L'autre micro reproche que j'aurais à formuler, c'est la lenteur, la langueur de l'ensemble. Il m'a manqué un peu de dynamite, de rythme, de souffle. Tout est lié aux vies parfois violentes tant physiquement que psychologiquement des personnages. Tout est ramené aux rapports humains, aux échanges crus ou ampoulés, aux contacts durs ou doux. Et, du coup, le manque d'action m'a un peu dérangé.
Je terminerai par le couple qui m'a le plus amusé, ce sont Nathan et Tom. Ils sont les plus simples, finalement, les plus terre à terre. Leur vie n'est pas vraiment chamboulée par cette lettre, quoi que... mais chut, lisez donc.
Bilan en quelques mots
Les mots pour : Style, galerie de personnages, idée, type « nouvelle » des premiers chapitres.
Les mots contre : redondance de certains comportements, longueur, langueur
Au final
Alléchée au début, ennuyée au milieu par des longueurs, amusée à la fin, charmée par l'écriture et le style de EES. Un bon livre avec un pamphlet sympathique. L'ensemble aurait mérité un traitement plus concis.
8 commentaires :
La citation que tu as mise en début de billet est totalement déroutante. Le bouquin me donne d'autant plus envie maintenant. Je n'ai lu ton avis qu'en diagonale, je le relirai après avoir terminé le roman.
MadameOurse
pourquoi ne suis-je pas surprise que tu aies préféré le couple Nathan /Tom (sifflote !) ? hihi ! J'ai eu la sensation qu'ES voulait en finir ici avec un sujet amorcé dans ses précédents ouvrages. Du coup il a fait le tour de la question !
Je n'ai pas lu ce roman de EES, il faut dire qu'il est très productif! A vrai dire, je ne sais pas quoi penser de ses ouvrages. Ceux que j'ai lu débordent de bons sentiments, de bonté...Sympa, mais il leur manque ce petit quelque chose...
Par contre, ce que tu dis de celui-ci m'intrigue, ce côté naïf semble absent. Cela peut être intéressant, à voir!
C'est un bon bouquin, ne serait-ce que par le style de EES, même si quelques passages m'ont paru de trop. Bonne découverte. Biz
Ah, toi non plus tu n'es pas étonné que je préfère ce joli petit couple ?
Il faut que je lise autre chose de lui, que me conseilles-tu ? En te basant sur ce que je n'ai pas apprécié dans celui-ci...
Biz et encore merci pour ce prêt !
Effectivement, ce n'est absolument pas naïf ! Tu peux foncer... et on est loin du débord de sentiments, de la mièvrerie.
Biz
moi aussi j'ai bien aimé ce cuple ;-)
Par conre le manque d'action ne m'a pas plus dérangée que ça, mais c'ets vrai qu'avec le recul, une intrigue un peu plus dynamique de ce côté aurait été sympa.
Cela reste un bon moment de lecture ^^ mais j'aurais apprécié un peu plus d'action, ailleurs que dans un lit...
Biz
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