Enchantement de Orson Scott Card

"La valeur d'une femme ne tient pas au fait qu'elle porte des enfants ni à sa docilité ; ele tient à sa capacité à prendre des décisions audacieuses, comme celle d'Eve de manger du fruit et d'obtenir la connaissance ; Adam n'a fait que l'imiter. C'était elle la rebelle, lui s'est contenté de suivre ; or, pourtant, on parle de la "chute d'Adam" !"

Orson Scott Card.



Enchantement de Orson Scott Card



L'auteur

Orson Scott Card est né aux Etats-unis en 1951. 


Mormon et ancien missionnaire, il écrit son premier roman en 1979 pourtant, c'est avec Le cycle d’Ender  qu'il deviendra l'un des auteurs majeurs de la Science Fiction avant de publier les Chroniques d’Alvin le Faiseur dans le domaine de la Fantasy.



Résumé Officiel


Au coeur de la forêt ukrainienne, le petit Ivan découvre une jeune fille endormie sur un autel.

Une présence inquiétante le pousse à s'enfuir. Mais il reviendra, des années plus tard, embrasser celle qui hante ses rêves les plus fous. Malheur à lui: l'espace et le temps s'en trouvent magiquement chamboulés... Une réinterprétation libre et magistrale de La Belle au bois dormant.


Points (26 mai 2009) Collection Points - 580 pages - ISBN-13: 978-2757813874

L'histoire


Ivan embrasse la belle au bois dormant. Il est le prince. Celui qui se mariera et aura beaucoup d'enfant dans le conte... mais, chez Card, pour parvenir à ce petit détail de l'histoire, Ivan va devoir affronter bien d'autres aventures ! Ici, ce baiser est un point de départ, au lieu d'être une fin. 

Lorsque j'ai ouvert ce livre, je m'attendais à tout sauf à cela. Je pensais que l'auteur aurait réécrit le conte, en le déplaçant dans le temps. Pas qu'il se serait servi de ce conte pour nous narrer des us et coutumes de la Russie ancienne, y ajouter des légendes de ces contrées, oubliées ou inconnues de notre part et les confronter à l'Amérique moderne !  

Ainsi il donne à la méchante sorcière, le nom de Baba Yaga, qui n'est autre qu'une sorcière dans la mythologie slave. Dans la plupart de ces contes, elle est représentée comme une vieille femme affreuse et cruelle qui mange des êtres humains principalement des enfants. Card nous en donne une version largement aussi cruelle, avec d'étonnants pouvoir tirés d'un Dieu Ours. 

Là aussi, l'auteur se base sur de la mythologie, puisque l’Ours a, en effet, fait l’objet de cultes chamaniques plusieurs dizaines de millénaires avant notre ère et laissé des traces dans l’imaginaire et les mythologies jusqu’au Moyen Age Chrétien. Il donne au sien, toutefois beaucoup plus de puissance et de force. Je ne connais pas assez les contes et légendes slaves pour y retrouver la base utilisée... 

Mais, ce ne sont que des personnages qui gravitent dans l'histoire, et que l'on suit, par moment. Ils font partis du décor, de la trame, et ne sont que des éléments narratifs donnant à cette épopée une raison d'être. Comme si vivre dans un monde inconnu ne suffisait pas ! 

Alors certes, étant férue de littérature fantastique, ce sont ces points qui auraient dû me satisfaire. Mais bizarrement ce sont ceux qui m'ont laissé le plus pantoise. Bon, la magie de Katerina et de (chut, je ne vais pas tout vous dire...) est bien pensée, avec simplicité et se basant, ici encore, sur les coutumes ancestrales. L'ail m'a fait sourire. Card nous abreuve de ce genre de petits détails, qui rendent le livre très riche, en finalement peu de pages. 

J'ai préféré l'étude de comportement, les réactions des deux héros. Surtout de Ivan. Le voir se dépatouiller dans un monde austère, lui le petit américain habitué a faire son footing autour de l'université. Le voir apprendre les rudiments d'une vie moyenâgeuse. Toute cette partie m'a plu. Il souffre, il endure, mais résiste. Katerina devra son tour apprendre à vivre dans un siècle bien différent.  Leur relation, basée sur une acceptation un peu rapide de mariage, va évoluer lentement, nous donnant une très belle étude relationnelle. L’auteur étudie les troubles que chacun peut éprouver en se retrouvant dans le monde de l’autre, à une époque et un pays complètement opposés. Aimer l'autre sous entend l'accepter tel qu'il est ! 

Je déplore les facilités. Ivan parle forcément la bonne langue, ou presque. Ses parents sont mais avec celui qui va pouvoir le sauver, au bon moment... Il va réussir à créer l'arme quasi parfaite avec des constituants que l'on trouve justement au bon endroit. Bien sûr si l'on valide le fait que tout était prédestiné, que le passé et le présent sont intimement liés... tout cela prend plus d'ampleur et devient un peu moins tiré par les cheveux. 

Toutefois, je n'ai pas trouvé à ce livre la magie enchanteresse que j'y attendais. 

Le style


Fort heureusement le style est là. Je doute que j'aurais poursuivi la lecture sans cette façon attirante d'écrire, de narrer, de nous entrainer. Des décors expliqué simplement, sans lourdeur, des personnages crédibles et bien définis. Une ambiance générale bien cadrée, avec un respect de la chronologie, même si l'histoire fait des allez-retour dans le temps. C'est un peu compliqué dit ainsi, mais... en gros l'histoire est suivie comme les héros la vive et sans retours en arrière. 

Orson scott Card nous donne tout au long de cette intrigue complexe, une note d'humour, parfois cynique, fort agréable. Des petites pointes, des réflexions bien pesées (j'ai beaucoup aimé les dissertions acerbes de l'Ours), des dialogues épineux... bref, un humour caustique savamment dosé. 

Le héros principal est finalement attachant, les adjuvants sont bien dépeints sans toutefois prendre trop de place, et la méchante sorcière est franchement détestable, ce qui est une belle réussite.  


Au final


Le résumé, puis la couverture de ce livre m'en ont donné une vision bien différente de celle que j'ai découvert par la suite. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans cette histoire... mais je ne regrette pas cette lecture. Je pense lire les chroniques d'Albin le faiseur, car la plume de Orson scott Card m'a touché, même si ce livre n'est pas un coup de coeur. 

Livre lu dans le cadre de la lecture commune de Juillet avec le site Livr@ddict.

3 commentaires :

Galleane a dit…

Je dois dire que moi aussi je ne m'attendais pas du tout à ça en ouvrant ce livre.

Anonyme a dit…

C'est aussi ce qui est bien dans une découverte... même si je suis un peu déçue, c'était tout de même sympa de lire ce livre, ne serait-ce que pour l'auteur... et les contes Slaves qu'il met en exergue.

Frankie a dit…

Quel bel article que voilà ! Chapeau, Nanet !
Moi, non plus, je ne m'attendais pas à ce livre-là en l'ouvrant mais ce fut une bonne surprise pour moi ! Pour ce qui est des facilités, j'ai trouvé ça normal puisqu'on était dans un conte de fée ! :)

 

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