Peau de chagrin de Honorè de Balzac

"Si tu me possèdes, tu posséderas tout. Mais ta vie m'appartiendra. Dieu l'a voulu ainsi. Désire, et tes désirs seront accomplis. Mais règle tes souhaits sur ta vie. Elle est là. A chaque vouloir je décroîtrai comme tes jours. Me veux-tu ?"

Peau de chagrin de Honorè de Balzac



L'auteur



Honoré Balzac est né à Tours le 20 mai 1799 et, est décédé le 18 Août 1850 à Paris.

Auteur prolifique, il a  publié son premier roman, Les chouans en 1929, et son dernier sera publié après sa mort... Ainsi qu'une édition complète en 24 volumes de la Comédie Humaine.

Le résumé...

Octobre 1830. L'automne d'après la Révolution. Raphaël de Valentin s'apprête à se suicider après avoir perdu au jeu son dernier Napoléon quand il entre dans la boutique fabuleuse d'un antiquaire, lequel lui offre un mystérieux talisman : une peau qui  réalise tous ses voeux mais dont le rétrécissement mesure désormais sa vie. Elle lui procure successivement un festin chez le banquier Taillefer, l'énorme héritage d'un oncle disparu et l'amour de Pauline, sa jeune voisine des temps impécunieux.

Mais celui qui avait été un adolescent ardent et frustré, un jeune homme passionné par l'étude puis victime de la russe Foedora, « femme sans coeur », n'est plus qu'un précoce vieillard, dévoré par la maladie. Ni la consultation des autorités savantes, ni des séjours aux eaux d'Aix puis au coeur de l'Auvergne ne peuvent sauver Raphaël qui meurt sur le sein de Pauline, foudroyé par un ultime désir.


Les films

Le roman a été adapté au cinéma : un film muet de Michel Carré, vers 1910 ; un film d’animation tchèque des années 1930 ; un téléfilm, diffusé fin décembre 1981...

L'histoire

Le jeune aristocrate Raphaël de Valentin, après avoir perdu toute sa fortune pour payer les dettes de son père, a l'intention de se suicider. Il rentre par hasard chez un antiquaire, où un vieil homme lui montre alors une peau de chagrin ayant le pouvoir d’exaucer tous les vœux de son propriétaire : «  Si tu me possèdes, tu posséderas tout, mais ta vie m'appartiendra ».

Qui n’accepterait pas cet étrange présent ? Il est ruiné, et on lui offre la fortune, l’amour, la gloire… bref tout ce qu’il désire ! Mais bien sûr, cela a un coût… Le vieil homme le met en garde : chaque désir exaucé fera diminuer la taille de cette peau, symbole de sa vie  : « Le cercle de vos jours, figuré par cette Peau, se resserrera suivant la force et le nombre de vos souhaits, depuis le plus léger jusqu'au plus exorbitant ». Le jeune homme accepte ce pacte diabolique, sans bien mesurer les mises en garde de l'antiquaire. Comment le pourrait-il, a vingt ans ? D’autant qu’il désirait mourir, peu de temps auparavant…

Derrière le conte fantastique se retrouve le thème classique du pacte avec le Diable : "je t’offre du bonheur contre ta vie ou ton âme". Il rappelle au lecteur que toute chose a un prix et que le bonheur perpétuel n’existe pas. Un choix est indispensable entre vivre plus intensément moins longtemps et moins intensément plus longtemps. C’est d’ailleurs l’objet de la discussion entre Raphaël de Valentin et l’antiquaire sans âge qui lui offre la peau. De façon plus générale, cette œuvre constitue une réflexion sur le désir : faut-il chercher à satisfaire tous ses désirs pour être heureux ?

Certaines analyses ont trouvé une similitude entre l’auteur et le personnage de Raphaël… qui comme lui veut produire une grande œuvre, mais vit de misère dans un Paris où le surnaturel semble à la mode. Balzac lui-même est curieux d’occultisme, de magie, de phénomènes mystiques et magnétiques… sans oublier l’allusion à l’ouvrage de Hoffmann (auteur de fantastique s’il en est), “Les élixirs du diable”.

Dans un premier temps, Raphaël ne se préoccupe pas de cet avertissement et se lance dans des folies. Il devient immensément riche, mène grand train, connaît la gloire et les succès mondains. La Peau lui procure l’énorme héritage d’un oncle et l’amour de Pauline, sa jeune voisine.

On retrouve ici l’un des points fort de l’auteur : ces études sociales, avec richesse et pauvreté… Balzac nous présente le coût de la vie vers 1827 à Paris, ainsi que celle de la campagne (avec Pauline). Il nous présente aussi la société, où apparaissent deux microcosmes opposés en apparence : le monde de l’orgie (l’évocation colorée d’une civilisation éperdue de jouissances effrénées dans le dévergondage des passions et du luxe qui s’étalent avec impudence, voilà la féerie incroyable mais authentique, dit Balzac) et le monde des eaux d’Aix, qui se ressemblent par leur intolérance.

Fin 1829, Raphaël rencontre Rastignac (Balzac le fait réapparaître en décembre 1834 dans l'édition Revue de Paris du Le Père Goriot, après avoir appelé son personnage, dans le manuscrit, Eugène de Massiac. Il a ensuite la carrière romanesque que l'on  sait…). Celui ci lui fait découvrir la luxueuse société parisienne et le dissuade de travailler. Ce n’est pas ainsi lui dit-il qu’il réussira. Mieux vaut au contraire intriguer et bénéficier de protecteurs fortunés. Rastignac lui  présente la comtesse Foedora, une jeune femme qui fascine le tout Paris tant elle est riche et belle.  Elle a un parfum mystérieux car nul ne connaît vraiment son histoire. Elle a également la réputation de n’avoir aucun amant…

Mais très vite le jeune homme passionné qui envisageait de produire une grande œuvre (La Théorie de la volonté), devient un être prématurément vieilli, dévoré par une maladie, que ni les plus savants médecins ni les cures dans des villes d’eau ne peuvent sauver.

Prenant conscience de l’inexorable rétrécissement de la peau, et du temps qui lui est compté, il en vient à vivre en reclus, espérant éviter toute occasion de formuler quelque vœu que ce soit. Sa survie devenant sa seule préoccupation, il constate que, bien que doté d’un pouvoir extraordinaire, il n’en a rien fait, et il meurt rongé d’amertume, foudroyé par un dernier désir, celui de vivre encore.De nouveau « la peau de chagrin » rétrécit et l’on assiste lentement à la fin de sa courte vie, à son agonie…

Le style

«Avoir non seulement un style, mais encore un style particulier, était l’une des plus grandes ambitions, sinon la plus grande, de l’auteur de “La peau de chagrin”», écrivit Baudelaire.

Les descriptions sont moins nombreuses que dans d’autres roman de l’auteur, ou alors plus fluides… mais ce n’est pas pour moi une qualité, c’est juste un détail, car ces fameuses descriptions sont surement ce que j’affectionne le plus chez lui ! Et je ne dois pas être le seule, si

L’histoire se déroule en trois parties distinctes: “Le talisman”, “La femme sans cœur”, “L’agonie” que j’ai trouvée un peu plus difficile à lire.

La composition d’ensemble du roman s’articule sur l’alternance entre le présent (d’octobre 1830 à juin 1831) et le passé (le récit de Raphaël, de sa naissance en 1804 jusqu’en 1830). Balzac alterne des temps forts avec des moments de calme, tel que le passé de Raphaël mais d’un autre côté, c’st le moment le plus troublant de ce livre, avec un ressort dramatique. On apprécie le personnage et on commence à refuser qu’il puisse mourir…  A la fin, le retour au présent pour présenter la dernière action, renforce la scène.

La gestion du temps est aussi très importante, ici : dans la première partie, le temps est ralenti, puisque tout se passe en deux jours et une nuit ; puis, subitement, le temps s’accélère, malgré les tentatives de Raphaël pour le ralentir : plus de six mois se passent dans la troisième partie…

Enfin, je relèverai les quelques pointes d’humour, de plaisanteries et les rares jeux de mots qui perlent dans ce livre. Un vrai délice.

Au final

Je suis bien contente d’avoir relu ce livre… j’y ai vu d’autres choses, d’autres beautés. Et j’aime toujours autant cet auteur.

3 commentaires :

Alcapone a dit…

J’ai étudié ce roman au lycée et j’en garde un excellent souvenir. Le thème du pacte avec le diable est un thème universel mais quel plaisir que de le retrouver sous la plume de Balzac...

Anonyme a dit…

Lorsque j'ai effectué des recherches sur la fantasy et le fantastique, je suis tombée sur ce bouquin, que j'avais lu aussi au lycée ! le plaisir de le relire était doublé d'une sensation de découverte, puisque j'y a vu d'autres choses, avec toujours cette magnifique prose...

Stephie a dit…

Lu au lycée, je l'avais adoré !

 

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