Le roi se meurt de Eugène Ionesco

"Vous tous, innombrables qui êtes morts avant moi, aidez-moi. 
Dites-moi comment vous avez fait pour mourir, pour accepter. 
Apprenez-le-moi."
(P78)
L'auteur

Eugène Ionesco, de son véritable nom Eugen Ionescu est né en 1909 à Slatina (Roumanie) et est décédé en 1994 à Paris



Après une enfance passée à Paris, Eugène Ionesco rejoint son père à Bucarest lors du divorce de ses parents. En 1938, il fuit la Roumanie devant la montée du fascisme, un régime contre lequel il se battra toute sa vie.

Sa première pièce 'La Cantatrice chauve' (1950) marque la naissance d'une nouvelle forme de théâtre, loin des codes classiques. Ionesco publiera chaque année de nouvelles pièces - dont 'Rhinocéros', 'Les Chaises , 'La Leçon' et 'Le Roi se meurt' - et sera finalement reconnu internationalement et finira même à l'Académie française en 1970,  puis sera nommé officier de la Légion d'honneur en 1984.

Représentant du théâtre de l'absurde, mêlant comique et désespoir, ses pièces font rire, mais uniquement pour libérer l'homme de sa solitude indépassable et du ridicule de sa condition d'humain.

Résumé officiel

Il y avait dans un pays imaginaire un vieux roi qui croyait tenir dans son poing un pouvoir éternel. Puis un jour, tout bascule dans l'anarchie et dans l'horreur. Le roi doit alors accepter l'inéluctable, le grand rendez-vous avec la mort.

La pièce

Cette pièce a été crée en 1962 par Jacques Mauclair.

J'ai choisi un extrait, joué par un grand Roi du théâtre : Michel Bouquet.




L'histoire

Le roi se meurt. Il lui reste une heure et demie à vivre, le temps d’une tragédie, pendant laquelle tout son royaume, cinq personnages, se divise, entre espoir et satisfaction face à l’accomplissement du destin. Avec lui, c’est son univers qui s’effondre : le palais se fissure et les frontières se rapprochent. La pièce ne dure que le temps de cette mort, et ne se compose d’un seul acte, unique, avec les personnages qui disparaissent au fil du temps qui passe…

Le titre indique, bien sûr le thème essentiel de la pièce. Mais au-delà de cette mort, c’est aussi la notre que l’auteur veut démontrer. Certes, nous naissons pour arriver à cette fin, mais Ioneso nous montre ici les passages qui nous suivons vers cette mort et ce bien avant toutes les études scientifique sur le Deuil. La pièce a été écrite en 1962 et pourtant n’a pas pris une ride… et montre que la sagesse humaine savait bien avant les grandes études que l’homme subit des affres face à sa propre déchéance, face à l’inéluctable : Sa mort.

Le roi Bérenger Ier apprend donc à mourir ! Mais cela ne se fera pas sans heurts. D’abord, il refuse (dénégation) et nous suivons toute une scène où son personnage vieillit, se courbe, alors que les autres autour montrent son monde qui s’effiloche… Puis Bérenger se révolte. Il n’a pas eu le temps de préparer cette mort, il veut encore rester et cette fois, il prendra le temps de le faire… enfin, dans une sorte de troisième partie, il se résigne et finit par accepter.

C’est traité de façon burlesque, un peu pathétique, et c’est la force de cette pièce qui reste une tragédie puisque le roi se meurt. L’auteur apporte dans ce petit texte de nombreux jeu de scènes, alternant les sentiments de son personnage principal afin de donner plus de force aux trois préceptes évoqués ci-dessus. Il le rend limite colérique, puis légèrement impuissant, avant de faire ressortir la peur notamment dans la scène finale, narrée par Marguerite, son épouse…

Quant aux personnages secondaires, ils ont chacun un rôle précis. Marguerite que je viens d’évoquer, est en quelque sorte la raison. C’est elle qui annonce la mort, c’est elle qui le guide vers cette vérité et qui contrera tous les stratagèmes mis en place par Bérenger pour échapper moralement à sa fin. Elle est la dernière sur scène, avant que la douce folie du roi lui fasse oublier aussi son épouse, oublier la raison.

Marie est la seconde reine, la favorite du Roi. Belle mais puérile, elle tente de contrer la raison par des arguments bien légers. Elle est le jeu, elle est le petit diable qui voudrait que l’on sacrifie les dernières heures à des pensées futiles plutôt qu’a une réflexion sur soi. Elle est la première à disparaitre.

Le médecin est le scientifique qui prouve les choses. Il aidera la raison-Marguerite dans son plaidoyer. Son rôle surtout destiné à éviter des monologues et permet des jeux de scène, renvoyant la balle à Marguerite et la confortant.

Les deux derniers protagonistes sont le Garde et la servante, Juliette. Le garde est en quelque sorte le représentant du pouvoir du Roi, il lui obéi, il est celui qui le connait le mieux qui sait ce qu’il a fait. Pourtant, il reste neutre et ne prend pas parti au débat lorsque Marie et Marguerite s’affrontent. Il sera un des premiers à ne plus répondre aux Ordres du Roi. Quant à Juliette, elle est le peuple, la seule a travailler, la force vive que le Roi admire sans vraiment l’écouter.

Le style

Comme je le disais, il n'y a qu'un seul acte dans cette pièce. Les personnages entrent tous dès le début de la pièce, le dernier étant le Roi. Puis, ils disparaissent lorsque le Roi ne peut plus les voir, les reconnaitre.

Ionesco alterne des phrases très courtes de dialogue, parfois un seul mot avec quelques monologues dont le célèbre plaidoyer du Roi que je vous ai mis en extrait.

Les jeux de scènes créent le côté burlesque de la pièce avec par exemple des répétitions, des réponses claironnées... bref, tout le jeu des acteurs, qui s'oppose parfois au contenu du texte. Le Garde et Juliette ont les rôles comiques avec des sentences répétitives pour le premier et de nombreux déplacements, allez-retour, jeux de scènes pour la seconde.

Enfin, le temps, comme déjà dit, s'écoule en une heure, avec des souvenirs évoqués des temps passés et un Roi très très vieux. On apprend qu'il a "repoussé sa mort de siècle en siècle"

Au final 


J'ai bien aimé retrouver l'écriture dynamique de Ionesco.

J'avais vu cette pièce, il y a quelques années, sans m'en souvenir. Dès les premières lignes, j'ai eu la sensation de retrouver de vieux amis...




Livre lu dans le cadre du challenge 26 livres-26 auteurs 2011


5 commentaires :

Hajar a dit…

Je ne me rappelle plus des détails du livre mais je me souviens que j'avais passé un très bon moment à le lire, je pense qu'il m'avait même marquée ! :)

Véro a dit…

Je suis en plein découverte de cet auteur et je dois dire qu'il me plaît bien alors que j'avais plutôt des à-priori.

nanet a dit…

@ Hajar : C'est une histoire qui se lit vite mais qui marque forcément, elle parle de la mort et de notre acceptation...

Biz

nanet a dit…

@ véro : bonne découverte, c'est un auteur très sympa, avec un style un peu décalé que j'aime bien. Je n'ai malheureusement pas vraiment l'occasion de voir ses pièces sur scène !

Biz

iññ a dit…

Merci beaucoup pour le resumee, tu ma beaucoup aidé:)
Salut depuis l'Espagne

 

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