"- Il faut tuer au moins cinq personnes pour être officiellement considéré comme serial killer, expliqua Denison au téléphone.
- Pourquoi cinq ?
- Aucune idée.
- Donc, si tu ne tues que quatre personnes, tu es un type normal qui a mauvais caractère."
- Pourquoi cinq ?
- Aucune idée.
- Donc, si tu ne tues que quatre personnes, tu es un type normal qui a mauvais caractère."
(P159)
Ruth Newman est née en 1977 en Angleterre.
Elle travaille comme Web éditrice pour la University Business School à Cambridge. Les visages du Mal est son premier roman.
Résumé officiel
L'atmosphère est devenue irrespirable pour les étudiants depuis que celui que les médias ont surnommé le "Boucher de Cambridge" s'acharne sur leurs petits camarades. Désormais, il ne s'agit plus pour eux de survivre au stress des examens mais de survivre tout court... Le psychiatre Matthew Denison est quant à lui persuadé que sa patiente, la jeune Olivia Corscadden, connaît l'identité du tueur mais que suite à un choc traumatique - sa compagne de chambrée se serait faite éviscérer sous ses yeux - l'information est restée "verrouillée" dans sa mémoire. Qui peut bien jouer ainsi à "Petites décapitations entre amis" ? Un étudiant qui aurait basculé dans la folie ? Un professeur pervers ? Un étranger de passage ? A Matthew de trouver le moyen de faire ressurgir les souvenirs ensevelis dans le subconscient d'Olivia avant que le Boucher ne sévisse à nouveau...
L'histoire
Olivia, de son vrai nom Cléopâtre, est retrouvée couverte de sang auprès d'un corps mutilé. Son petit ami, tient un couteau... mais clame haut et fort être arrivé après le meurtre ! Qui est le véritable coupable ?
Mon avis
Le livre démarre sur les chapeaux de roues, avec un meurtre assez horrible, qu'un inspecteur va devoir élucider... les relents de "meurtres en série" planent, et l'inspecteur doit faire appel à un ami à lui, psychiatre pour comprendre le comportement d'une des protagonistes de la scène macabre. Jusque-là, rien de bien nouveau. Sauf que L'auteur a choisi de traiter son livre un peu différemment.
Nous entrons dans l'histoire lors du troisième meurtre mais bien vite, grâce aux très nombreux flash-back du livre, nous remontons au premier. Ruth Newman a décidé de nous montrer l'histoire par petits bouts, au travers des souvenirs de ses personnages. Et chaque fois que l'histoire narrée est passée, le texte est mis en forme différemment. Il est donc assez aisé de savoir si nous sommes dans du présent, dans du passé... Un troisième type de texte fait son apparition dans le livre : un article de journal. Il apporte des informations indirectes, et l'auteur a choisi ce stratagème pour éviter les lourdeurs.
Puisque j'en suis au style, je dirais que Ruth Newman a une écriture fort simple, un peu trop à mon gout, et c'est ce qui explique en grande partie la notation globale de ce livre... les phrases sont courtes, le sujet toujours spécifié, parfois à la limite de la répétition, ce qui m'a fait soupirer à plusieurs moments. Certes, cela peut être utile de préciser qui parle, mais là, ce phénomène est aussi présent dans des passages descriptifs. J'ai constaté toutefois que cette forme était essentiellement présente dans les "souvenirs", comme pour marquer les esprits ? En tout cas, cela m'a dérangé et un peu saturé. J'aime les belles écritures, qui coulent, celle-ci est trop hachée, trop peu travaillée.
Pourtant elle est efficace et l’alternance de souvenirs et de temps présent donne un souffle, un rythme intéressant. Le personnage de Denison ( le psychiatre) mène l'enquête avec son ami et va tenter de comprendre le comportement d'Olivia. Les souvenirs sont ceux de la jeune femme, mais aussi ceux des autres protagonistes de l'histoire. Denison interroge chacun et colle les morceaux. Ainsi, lorsqu'il parle avec Olivia, il décortique les éléments, et remonte le temps apposant dans chaque case, chaque trou une des pièces du puzzle. La demoiselle a des trous de mémoire, semble avoir oublié certaines scènes... notamment de la vie courante. En grattant, en cherchant, en recoupant, Denison finit par échafauder une théorie et fait subir de nombreuses expériences à Olivia, soit pour démontrer qu'elle n'est as folle, soit pour prouver qu'elle simule... et c'est là l'enjeu du livre et la partie la plus intéressante. L'auteure a su intégrer toutes les recherches psychologiques au livre, sans l'alourdir. Elle avance des concepts réels, qu'elle développe simplement et montre les possibilités, les tests. C'est très enrichissant et l'on se surprend à jouer les psychologues à son tour, cherchant dans les scènes ce qui nous a échappé. Mon seul regret, comme souvent, c'est d'avoir compris l'intrigue et donc trouvé le véritable coupable... mais ce n'était pas évident.
Les personnages sont bien amenés, on saisit des bribes de leurs comportements, et l'on apprend peu à peu leur vie, leur passé, leur présent. L'histoire englobe trois meurtres sur trois années, ce qui amène une foule de petites informations, sans aucune redite -sauf pour le bien de l'enquête et encore l'auteur a toujours joué la carte du changement- et c'est donc un livre très riche malgré un nombre de pages assez restreint (328).
Le livre est classé en thriller, et cette appellation est toute méritée, puisque l'auteur ne nous cache rien. Elle dévoile les entrailles de ses victimes, les coups, les viols... tout est montré, avec dosage, certes, mais c'est un vrai thriller qui devrait satisfaire les fans du genre. Certaines scènes m'ont un peu gâché la digestion...
Trois mots
Deux mots pour : Intrigue, variation de temps
Un mot contre : Style d'écriture.
Au final
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