« J'avais six ans la dernière fois qu'on me les a dits, Nat. Six ans. Trois mots ont disparu dans un accident de voiture et un gouffre s'est creusé en moi. Terrifiant de solitude. Trois mots auraient suffi à le combler, mais personne ne les a plus jamais prononcés et la Chose s'est installée. Tu sais quoi, Nat ?
Elle poursuivit sans attendre :
— Quand j'aurai un enfant, je les lui chanterai, je les lui réciterai comme un poème infini, un antidote contre les tourments de la vie, une déclaration de bonheur. Je me lèverai la nuit pour les lui murmurer, bercer son sommeil et chasser ses cauchemars. Et quand il sera loin, Nat, quand il sera loin, je les lancerai vers le ciel pour que le vent les lui apporte. Parce que, sans ces trois mots, nous ne sommes rien. »
Elle poursuivit sans attendre :
— Quand j'aurai un enfant, je les lui chanterai, je les lui réciterai comme un poème infini, un antidote contre les tourments de la vie, une déclaration de bonheur. Je me lèverai la nuit pour les lui murmurer, bercer son sommeil et chasser ses cauchemars. Et quand il sera loin, Nat, quand il sera loin, je les lancerai vers le ciel pour que le vent les lui apporte. Parce que, sans ces trois mots, nous ne sommes rien. »
L'auteur
Résumé officiel
Natan est un sportif surdoué, membre d’une étrange famille. Shaé possède, tapie au fond d’elle-même, une Chose qu’elle ne maîtrise pas. Les deux adolescents sont séparés par des kilomètres, mais, lorsqu’ils se rencontrent, ils se découvrent un héritage commun fascinant et dangereux. Suffira-t-il à combattre l’Autre, terrifiante incarnation du Mal ?
La trilogie
L'Autre, tome 2 : Le Maître des Tempêtes (lu)
L'Autre, tome 3 : La Huitième porte (lu)
L'histoire (tome 1)
Natan, jeune homme aux dons extraordinaires, voit sa vie basculer lorsque sa maison explose, ses parents étant restés à l'intérieur ! En même temps, Shaé, une autre personne possédant des talents spéciaux, se sauve d'une situation dangereuse en usant d'une Chose qu'elle préfère ignorer, refusant de s'y soumettre... Leur avenir va les rapprocher.
Mon avis
Le Souffle de la Hyène — juin 2013
Ce que j'aime le plus chez Bottero, c'est son écriture ! Cette façon de jouer avec les mots, les phrases. D'user de petits mots uniques, pour accentuer une idée. La magnifier. Simplement. C'est un art dans lequel il excelle sans tomber dans l'exagération. Du coup, le rythme est soutenu. Les longues phrases sont courtes, les paragraphes le sont aussi et l'on avance à une vitesse folle dans ces histoires. Trop vite, d'ailleurs car les livres se dévorent en très peu de temps.
Ce style apprécié dans la Quête puis les autres livres d'Ewilan et Ellana se retrouve ici. Pourtant, je n'ai pas ressenti la même passion pour l'histoire.
Ici, nous sommes dans de la fantasy moderne, urbaine. Tout se déroule dans notre univers, et la magie est quasiment inexistante. Les personnages détiennent des capacités spéciales, parfois plusieurs, mais cela reste très prosaïque et surtout déjà vu ! Oui, la métamorphose... c'est même un peu dépassé. Certes, Bottero joue de cette aptitude, comme toujours, il y ajoute sa sauce, son petit truc à lui. Sauf que cela reste une capacité usitée par de nombreux auteurs fantasy, avec plus ou moins de succès, et que la surprise ne prend plus. Sans compter que Salim dans Ewilan possède aussi ce don.
Dire que j'ai été déçue par ce point, non, je n'irai pas jusque là. C'est bien amené, les sentiments de la personne qui « subit » ces transformations sont bien développés sans tomber dans une analyse psychologique, et au final, la maîtrise se fait par touche, par avancée stratégique et surtout par une acceptation. Je reprochais dans le précédent livre lu sur ce thème, Instinct de V. Villeminot, un manque de travail de Deuil, il est présent dans ce livre.
Mais passons sur les points mitigés, pour revenir à ceux qui m'ont plu. Tout d'abord, comme, souvent, les personnages sont fouillés, les sentiments posés avec délicatesse, et l'intrigue innovante. Cette histoire de Familles, d'opposition des pouvoirs remontant à des lustres, jugulés à l'Autre, entité magique qui vient reprendre forme m'a épaté. Encore une fois, Bottero a su m'amuser, me faire voyager.
Le jeune couple mis en exergue évolue au fil des pages et chaque ligne amène une multitude de possibilités, ouvre notre esprit, nous offre un panel de choix. L'auteur s'amuse à semer des graines et ne fait, au final que germer celles qui l'intéressent, conservant celles qui auraient pu en forme larvée. Ces brindilles, ces amorces, tel un bon polar se révèlent à un autre instant, déjà oublié par notre conscience, et par l'aventure vive et rocambolesque vécue. Art d'un auteur talentueux. Mise en scène superbe.
Leurs dons, que je ne dévoilerai pas, se complètent, et leur génétique particulière les rend seuls aptes à résoudre le problème rencontré. Bon, sans cela, ils ne seraient pas les héros. Alors bien sûr, c'est un peu « facile », ils ont exactement les dons qu'il faut, au moment où il les faut. Cela reste de la littérature jeunesse, et, si des thèmes lourds et sombres sont abordés, la coquille se veut simple à comprendre.
Le Mal est divisé en trois parties, la saga en compte aussi trois. Dans chaque tome, donc, P Bottero aborde une des caractéristiques précises de cette division. La plus simple, bien sûr. Je ne vais pas vous raconter l'intrigue, cela gâcherait votre plaisir, je dirai juste que j'aurais aimé un peu plus d'informations sur l'Autre. Mais, c'est un premier tome...
Le Maître des Tempêtes — novembre 2013
Je pensais lire ce livre dans l'été. Les lectures se sont enchaînées et le livre toujours repoussé. Finalement, Mypianocanta a décidé de plonger dans cette série et je me suis souvenue de mon envie. La suivant, j'ai donc ressorti ce tome de ma biblio.
Peu de temps s'est écoulé entre les deux livres, les personnages sont dans la même mouvance, acceptent ou pas les événements précédents, et tentent d'avancer, de saisir leur force, leurs faiblesses, leur différence. Enfermés dans la Maison, volontairement, Natan et Shaé soignent leurs blessures plus psychologiques que physiques. Et, au-delà des souvenirs, ils mettent à plat leur savoir, espérant trouver une faille, un espoir, et pouvoir ouvrir une porte.
Les histoires se suivent donc, et l'auteur fait peu de répétitions, de rappels. Il préfère l'aventure. Nous suivons donc les deux héros dans leurs pérégrinations, leurs hésitations, espérant que les choix seront probants.
Ce livre se déroule dans plusieurs lieux, et j'avoue que ces derniers sont aussi à l’origine de mon sentiment pour ce tome : le désert, que j'ai eu la chance de fouler, et l'île de la Réunion, qui reste un de mes plus doux souvenirs de voyage. Ces deux lieux magiques, particulièrement bien dépeints par P Bottero, avec, toujours, cette simplicité dans ses mots. Ils deviennent des héros à leur tour, prenant une part importante dans l'intrigue, et les précisions sur l'île m'ont semblé si proches de mes songes, des images rémanentes. Certes, l'auteur ne s'arrête pas à l'effet carte postale et se sert évidemment du relief pour bâtir son histoire.
Histoire que je ne vais pas détailler. Je vous laisse la découvrir, je l'ai trouvé bien plus intéressante que le premier tome. Un peu facile, ici aussi, avec un chapitre « final » sympathique, bien que très prévisible, annoncé dès le premier chapitre.
P Bottero a réellement lié par ce livre ses sagas. La Patrum Vorax, plaine herbeuse dangereuse et dévoreuse, que l'on a aperçue dans Les Mondes d'Ewilan... et ses voiliers aux grandes voiles blanches aperçus par Shaé sont ceux des Fils du Vent, présents dans le troisième volet du Pacte des Marchombres. La Maison dans l’Ailleurs serait donc en Gwendalavir ! Une jolie façon de tout mêler, lier pour notre plus grand plaisir. Et, bien sûr, sans qu'il soit obligé de lire une saga pour comprendre et apprécier l'autre.
La fin est troublante, et invite à plonger dans le troisième tome.
La Huitième porte — novembre 2013
Ce que j'ai fait immédiatement.
Mais là, surprise, ce ne sont plus Natan et Shaé les héros, mais leur fils, Elio. Un bambin de huit ans cumulant les talents de ses parents respectifs.
Je n'ai pas, au décours de cet article abordé les dons particuliers de Natan et Shaé, même si j'ai évoqué les métamorphoses. À eux deux, ils cumulent six dons regroupant des capacités physiques et intellectuelles exceptionnelles, depuis une mémoire infaillible à la possibilité de guérir d'à peu près tout. Ils sont les seuls, sur terre, à posséder ces dons, sauf pour l'un d'entre eux, celui des Cogistes (facultés intellectuelles et physiques inhabituelles) représentés par une Famille. Ces derniers sont d'ailleurs à l'origine de la disparition des autres Familles et dons.
Elio va reprendre le flambeau dans la lutte contre le Mal, instaurée dès le premier tome. Enfant très avancé pour son âge, il présente une capacité de réflexion idoine, certes, mais un peu trop développée même avec tous les atouts dont il dispose. C'est ce point qui m'a fait moins apprécier ce tome. Cet enfant est trop parfait. Alors que P Bottero nous avait habitué à des personnages très humains, bourrés de qualités et de défauts, Elio représente la perfection : mémoire, réflexion, capacité physique hors norme, complétés par une aptitude à se transformer, à se régénérer... et comme s'il en fallait encore, un petit plus offert au bon moment par un ami.
Du coup, comme l'ensemble de la saga reste très prévisible, mal gré quelques scènes savoureuses, j'avoue que j'ai été moins happée par cette intrigue, sachant qu'Elio dégainerait au moment opportun.
Le Mal, du moins sa troisième partie, est bien pensé, très dans l'air du temps, ce qui est légèrement effrayant. P Bottero a su voir les travers des hommes, les mettre en exergue. Cette série apporte des visions très négatives de nos penchants, nos terribles actes, nos valeurs, aussi.
La fin est magnifique, et c'est ce dernier chapitre qui me fait aimer encore plus cet auteur. J'ai malheureusement pratiquement tout lu de lui.
Bilan en quelques mots
Les mots pour : personnages, Familles, style, lien entre les sagas
Les mots contre : quelques petits riens.
Au final
Joli ! Toujours aussi fan de l'écriture, mais je trouve cette série un peu moins entraînante que les autres. Un petit manque de profondeur, mais de superbes idées.
5 commentaires :
J'avais beaucoup aimé ce premier tome. J'ai lu le deuxième presque juste après ^^ Mais il est vrai que j'apprécie un peu moins qu'Ewilan ou Le Pacte =) Reste plus qu'à lire la suite =P
J'ai prévu de lire la suite au cours de l'été, mais celui-ci avance, avance... on verra bien ^^
Biz
J'ai lu le premier tome, il y a plusieurs mois et j'avais bien aimé, en particulier l'écriture de Bottero, qui comme tu le dis, est magnifique. J'espère pouvoir lire prochainement les autres tomes.
je me laisserais bien aller à découvrir Bottero parce que chaque billet que je peux lire sur n'importe lequel de ses livres est toujours alléchant.
Si je n'avais pas déjà choisi les livres pour ton swap, cette petite phrase aurait eu des conséquences ^^ Je te conseille vivement de découvrir cet auteur, il a vraiment créé un monde à lui, et sa plume est douce et efficace.
Biz
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