Va où ton coeur te porte de Susanna Tamaro



Éditeur : Pocket — Nb de pages : 227
Série : / 
Catégorie : Roman contemporain



Susanna Tamaro est née en Italie en 1957.

Romancière italienne, elle a travaillé comme documentaliste et assistante de réalisation cinématographique. Ses romans ont obtenu plusieurs prix.



Dans la solitude de sa maison de Trieste, une femme âgée décide d'écrire à sa petite fille sous forme de journal intime. Elle sait que le temps lui est compté et veut par cette lettre d'amour renouer une relation rendue difficile non seulement par la « crise de l'adolescence », mais aussi par la mort tragique de sa propre fille. Et c'est donc sa vie qu'elle est amenée à revisiter : une éducation rigide et bourgeoise, un mariage de convenance avec un homme gentil, mais ennuyeux, sa relation clandestine avec le père de sa fille. Parcourant aussi l'histoire de plusieurs générations de femmes, sans fausse pudeur, sans rhétorique, parfois avec dureté, elle se raconte à sa petite fille et l'invite à accomplir le même « voyage » qu'elle : un voyage à la recherche de soi, loin des fausses valeurs et des clichés, et en écoutant avant tout la voix de son cœur.




Lorsque je tombe sur un article présentant un livre « extraordinaire », il passe dans ma Wish. Et, si le hasard le met sur ma route, j'en fais l'acquisition.

Ce livre entre dans le challenge ABC, lettre T.


Lettres d'une grand-mère à sa petite fille, lui racontant sa vie, son passé, son amour.


Des lettres ! Il y avait fort longtemps que je n'avais pas lu de roman épistolaire. Celui-ci, toutefois, est plutôt un carnet intime, où la narratrice se raconte ses journées à sa petite-fille, partie vivre au loin. Au fil des mots, les souvenirs affluent et l'histoire de sa vie remonte.

D'une écriture douce et posée, menant à de nombreuses réflexions, ce texte m'a touché par sa grâce, ses accents de vérité. J'ai eu la sensation de retrouver une époque, celle de mes propres grand-mères et les mots de cette femme ont trouvé résonance en mon esprit. Ces descriptions historiques, ces intérêts presque féministe tout en restant éloigné des idéaux marqués par ce mouvement, sa connaissance de la psychologie et surtout sa vision de la vie. Nombre sujets que j'ai trouvé traités avec délicatesse et sagesse. Et, parfois, j'ai eu l'intime sensation que j'aurai pu écrire certains passages, comme celui-ci :
« Chaque fois que j'entends quelqu'un dire que ses années d'école étaient si belles et les regretter, je reste interdite. Pour moi cette période a été l'une des plus affreuses dans l'absolu, dominée par un sentiment d'impuissance. Pendant toute la durée de l'école primaire, j'ai été écartelée entre la volonté de rester fidèle à ce que je sentais à l'intérieur de moi, et le désir d'adhérer, même si je sentais que c'était faux, à ce que croyaient les autres. » (79)
Ce roman n'est pas très gai et aborde, au travers des souvenirs, des thèmes assez difficiles, comme la mort, le racisme, la guerre. Mais l'auteure a choisi d'évoquer ces sujets, pas de les développer. Elle n'écrit pas un roman historique, juste une confession d'une femme proche de sa fin à une enfant aimée. Elle avoue ses fautes, ses doutes. Elle lui explique tout ce qu'elle aurait dû lui dire avant. Tous ces secrets si longuement gardés et, surtout, pourquoi elle l'a fait.
« Pour avoir vécu longtemps et avoir laissé derrière moi beaucoup de personnes, je sais désormais que les morts pèsent moins par leur absence que par ce qui — entre eux et nous — n'a pas été dit. » (21)
Lu en une journée, ce roman est une ode à l'amour, au pardon. Très beau moment de lecture, même si quelques passages m'ont paru moins intéressants que d'autres.


Les personnages sont vus au travers des yeux d'une femme qui se souvient. Tout est donc patiné, et les sentiments ressentis revêtent cette aura magique, que seuls le temps et les années peuvent créer. Les personnages sont épurés, délicats, comme feutrés. Ne reste que leur aura, leurs corps ont depuis longtemps disparu, et l'évocation des physiques devient si secondaire.

On sent dans les descriptions des caractères une volonté de traduire des êtres forts, intègres à leur propre réalité. Pas de caricature, pas de faux-semblants, juste des mots touchants, et beaucoup d'émotion.


Si les lettres durent sur un mois, le temps narré coule sur quasiment un siècle, depuis les années 1915 aux années 1995 environ, moment où le livre est écrit. Une vie.

Les lieux sont évoqués de façon assez floue, on suit les pérégrinations de l'héroïne, son école dans l'enfance, son appartement à Trieste lors de son mariage aux alentours de la Seconde Guerre, et finalement, la maison où elle vit.

Quelques scènes racontent d'autres lieux, et surtout des arbres, qui, en quelque sorte, sont aussi importants que les personnages. Mais je vous laisse lire et comprendre cette dernière phrase.


Les mots pour : Style, analyse des sentiments, souvenirs

Les mots contre : quelques passages un peu longuets vers le milieu du livre

Notation : 15./20



Un livre très touchant, qui aborde de nombreux sujets, notamment l'importance de dire les choses, d'évoquer les souvenirs, de ne pas laisser dans l'ombre les souffrances et les morts, surtout si ces morts sont nos propres parents. Très bon moment de lecture. 

1 commentaires :

stephanie-plaisir de lire a dit…

je me souviens peu de l'histoire mais juste le sentiment d'avoir apprécié. Il faudrait que je le relise...en tout cas tu m'en donnes envie

 

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