"
Elle avait voulu mourir, elle avait tenté de respirer, elle avait réussi à respirer, puis à manger, elle avait réussi à reprendre son travail, à sourire, à être forte, à être sociable et féminine, et puis le temps avait passé avec cette énergie boiteuse de la reconstruction, jusqu'au jour où elle était sortie dans ce bar, mais elle avait fui, ne supportant pas le manège de la séduction, persuadée que plus jamais elle ne pourrait s'intéresser à un homme, le lendemain pourtant, elle s'était mise à marcher sur la moquette, comme ça, une pulsion volée à l'incertitude, elle avait ressenti son corps comme un objet de désir, ses formes et ses hanches, et elle avait même regretté de ne pas pouvoir entendre le bruit des talons aiguilles, tout cela avait été subit, la naissance sans annonce d'une sensation, d'une force lumineuse. "
(P102)
David Foenkinos est né en 1974 à Paris.
Romancier, il a effectué des études à la Sorbonne, avant de devenir professeur de guitare...
Résumé officiel
Tout va pour le mieux pour la belle et discrète Nathalie jusqu'au jour où elle perd l'homme qu'elle aime dans un accident. Elle sort de son deuil d'une façon inattendue, par un baiser anodin avec un collègue de travail qui n'avait a priori rien pour lui plaire.
Le Film
David Foeninos a réalisé une adaptation de son livre, avec son frère Stéphane. La Délicatesse est sorti le 21 décembre 2011 avec Audrey Tautou et François Damiens.
L'histoire
L'histoire de ce tout petit livre, presque une nouvelle, est celle d'un amour, une passion entre un homme amateur de Puzzle et sa jeune femme. L'auiteur nous raconte leur vie, sage, leur rencontre, douce, leur loisirs, simples. Et puis...
Et puis, la vie joue parfois des tours même aux amoureux. La vie cruelle de vérité. je dis la vie, car la mort en fait parti... ne meurt-on pas un peu tous les jours ?
François, meurt.
Et pour Nathalie, c'est la vie sans lui qui commence. Sans ces repères crées par la routine, sans l'amour de cet homme unique qui a su la faire sourire en lui demandant de l'épouser avec un Puzzle...
Le travail de Deuil décrit par David Foenkinos est un petit peu éloigné des Deuils habituels. Pas de colère, pas de chantage affectif. Juste une sorte de longue dépression. Mais Nathalie passe plusieurs mois, plusieurs années à se remettre, à tourner la page. Avancer. Reprendre pied. Elle s'acharne à son boulot, gravit les échelons de la société, déjoue un plan foireux -amoureux d son patron. Vie. vie mais seule.
J'ai vraiment apprécié toute cette première partie de l'histoire. la rencontre entre Nathalie et son mari, ses études, ses soirées d'ouvreuse au théâtre. La suite aussi avec cette mort inattendue. Les sentiments de cette jeune femme, tracés avec douceur, délicatesse par l'auteur.
David Foenkinos prend même le temps de nous donner cette fameuse définition de la Délicatesse : "Fait d'être délicat." (il précisera un peu plus loin Délicat) Dans cette démarche, on peut voir un double sens. L'auteur nous montre un homme, le patron de Nathalie, entrain de lire des définitions. C'est sa passion du moment... et le jour où Nathalie reprend son travail, il lit justement ce mot. Comme si ce patron, venu plusieurs fois la voir, pouvait être rattaché à ce mot, à cette définition... ce qui n'est pas vraiment le cas, il serait plutôt indélicat... l'autre sens que l'on peut soulever c'est le besoin de l'héroïne, surtout à ce moment de l'histoire. C'est une jeune femme délicate, fragile. Tout au long du livre on retrouve cette définition de caractère. L'auteur à composé son personnage sur cette base et tout en elle l’évoque, le susurre.
L'histoire que vous pouvez apercevoir dans l'extrait du film, se poursuit avec une autre rencontre impromptue. Markus, suédois vivant en France (et ne voulant pas repartir) est un homme délicat, plein de douloureuse expériences avec les femmes et qui va entrer peu à peu dans la vie de Nathalie, ayant peu lui même de cet avenir, des risques.
On peut se demander ce que la jeune femme lui trouve. Je crois que c'est vraiment le sujet majeur de ce livre. Cette femme va se laisser envoûter par la délicatesse. Par la douceur de ce Suédois atypique.
Alors, bien sûr, il se passe pas mal de petites scénettes dans le livre, plus ou moins coquasse, plus ou moins délicates. Je n'ai retenue que la trame générale, préférant vous laisser le loisir de lire l'intégralité. Je terminerai cette présentation par la fin qui m'a laissé pantoise. J'attendais autre chose sûrement, et j'ai été un peu surprise de voir que rien ne se passait vraiment.
Le style
L'auteur a écrit une succession de courts chapitres (117) introduisant dans la narration indirecte des définitions (délicatesse page 60...), des citations de livres ou de penseurs (pensées d'un polonais page 106), des phrases tirées de la vie réelle... C'est léger, frais et cela donne du pep's au livre.
La majeure partie des phrases et des chapitres sont courts. Toniques. Alors que le sujet abordé, notamment dans la première partie est douloureux, sombre, l'auteur préfère le traiter avec douceur mais sans tomber dans la morosité. Il y a peu de descriptions de la vie courante, on ne sait pas à quoi ressemble le bureau de Nathalie (mis à art la moquette), ni son salon... et les personnages sont décrits avec simplicité. Le but n'est pas de les rendre extraordinaire et reconnaissables, mais au contraire de les fondre dans al masse, dans la routine. Sauf Nathalie... et bien sûr Markus.
Les personnages secondaires ne sont du coup pas remarqués, ni remarquables. Nathalie est elle même une sorte de définition de la délicatesse, mais Markus pourrait l'être aussi... Il ont été échaudés par la vie et leur rencontre va être une sorte de plâtre, de baume sur leur coeurs fragiles. Mais un plâtre, c'est contraignant, cela empêche parfois de bouger... il faut l'accepter.
Le temps coule sur plusieurs années. L'auteur a su ménager du temps à Nathalie, la laisser pleurer. Il a aussi raccourci le temps en présence de François (sept ans) puisque son but est de montrer cette reconstruction, ce retour à l'amour...
Au final
4 commentaires :
J'espère le lire très vite ! Je n'ai pas eu le temps de voir le film quand j'étais en France et finalement c'est très bien comme cela je lirai le livre avant.
Je viens de l'ajouter à ma PAL et ton avis le fait prendre du grade :)
Contrairement à toi, j'ai trouvé toute la première partie un peu barbante, j'ai nettement préféré à partir du moment où Markus entre en scène.
J'ai surtout été subjuguée par l'ensemble, le style, la délicatesse des mots, du ton. L'histoire est après quelques mois un peu effacée, et je garde une sensation feutrée, douce, avec un joli travail sur la douleur et la reconstruction.
Je viens de lire un autre livre sur le même sujet, traité de façon complètement différente mais tout aussi touchant : In Love.net de Sabrina Faurite... Si tu en as l'occasion, c'est frais et sympa.
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