Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra


« — Ressaisis-toi, bonhomme. Il n'y a qu'un seul dieu sur terre, et c'est toi. Si le monde ne te convient pas, réinventes-en un autre, et ne laisse aucun chagrin te faire descendre de ton nuage. La vie sourit à celui qui sait rendre la monnaie de sa pièce. »
Étrange comme parfois les vérités qui nous font défaut nous rattrapent dans les endroits qui s'y prêtent le moins. J'étais à deux doigts de basculer, et ce fut une prostituée éméchée qui me remit d'aplomb. »
(P305)


L'auteur

Yasmina Khadra, pseudonyme de l'écrivain algérien Mohammed Moulessehoul, est né en 1955 dans le Sahara algérien.

Militaire de carrière, il a opté pour l'écriture, usant de pseudonyme pour être publié, et échapper au Comité de censure militaire de son pays.

Résumé officiel

Algérie, dans les années 1930. Les champs de blés frissonnent. Dans trois jours, les moissons, le salut. Mais une triste nuit vient consumer l'espoir. Le feu. Les cendres. Pour la première fois, le jeune Younes voit pleurer son père. Et de pleurs, la vie de Younes ne manquera pas. Confié à un oncle pharmacien, dans un village de l'Oranais, le jeune garçon s'intègre à la communauté pied-noire. Noue des amitiés indissolubles, françaises, juives : « les doigts de la fourche », comme on les appelle. Et le bonheur s'appelle Émilie, une « princesse » que les jeunes gens se disputent. Alors que l'Algérie coloniale vit ses derniers feux, dans un déchaînement de violences, de déchirures et de trahisons, les amitiés se disloquent, s'entrechoquent. Femme ou pays, l'homme ne peut jamais oublier un amour d'enfance...

Le film


Ce que le jour doit à la nuit est un film d'Alexandre Arcady sorti en 2012

L'histoire

L'histoire d'un homme qui se retourne sur son passé, et sur celui de son pays, au jour de l'enterrement d’une femme qui aurait pu changer sa vie.

Mon avis


Avis mitigé ! C'est vraiment la sensation que me laisse ce livre.

Bien sûr le livre est touchant, bien sûr la plume de Yasmina Khadra convaincante, mais le personnage de Younes/Jonas ne m'a pas pas satisfait. Cet homme aurait mérité un bon « coup de pied aux fesses », pour tant de platitudes face à sa vie. Regretter des actes que l'on n'a pas osé faire est quelque chose que je ne comprends pas, et la fadeur de caractère octroyée m'a indisposé. Certes, l'auteur lui octroie une rigueur, un respect des autres, de sa parole, assez probants.

C'est vraiment ce qui m'a dérangé, au point de poser à plusieurs fois le livre et de ne le reprendre qu'en m'imposant de le terminer. Car, en faisant abstraction de ce personnage insipide, j'ai voulu voir l'Algérie avant la guerre. Apprendre de par un habitant du cru, obtenir une vision différente que celle détenue. Ainsi donc, mettant les parties sur Younes entre parenthèses, j'ai glané au fil des pages cette part d'histoire, ces anecdotes sur une guérilla vécue depuis l'intérieur.

Et là, c'est véritablement intéressant. L'auteur par son style épuré, ses phrases simples, ourlées de pensées, de sentiments, nous entraîne dans un visuel descriptif charmeur. Qu'elle est belle cette Algérie ! Que ces mots magnifient ces lieux, même semi-arides ! J'ai, par moment, eu l'impression d'entendre ces hommes parler, s'exprimer avec cet accent que l'on nomme pied-noir, maintenant, mais qui est si riche de soleil, si empli de cette terre, de ces souvenirs.

Alors, oui, un avis mitigé, peut-être parce que j'attendais du héros un peu plus de charisme, et que l'auteur l'a donné à ses amis ! J'avoue que l'amitié interculturelle qui lie ces quatre jeunes hommes est touchante. Ode au respect. Ode à la différence oubliée par le besoin de vivre ensemble, de rire, de jouer, et qui s'effondre devant des sentiments follement humains. La jalousie sape tout, renvoie les hommes dans des retranchements agressifs. Il est juste dommage que Younes n'entre pas dans la danse, et laisse la vie lui échapper.

Mais, peut-être que ma réaction est typiquement européenne et féminine ? Peut-être qu'il agit par sagesse ? Peut-être que l'art de vivre musulman, inculqué par son père lui a donné ces cartes de jeu, cette façon d'être ? Toujours est-il que je ne les comprends pas, et ne peux les cautionner.

L'autre point noir du livre, c'est la propension aux pleurnichements ! J'aime les lectures dynamiques, et, s'il m'arrive de lire des drames, cela reste des histoires d'êtres en difficultés. Sauf qu'ici, l'auteur s'acharne sur ses personnages, et, justifie ces points par une pseudo explication religieuse, mêlant des superstitions. Non, franchement, c'est assez peu crédible. On peut voir dans la première partie une vision des événements faussée par l'âge du héros, qui raconte ses souvenirs sans les avoir analysés. Mais, un adulte qui raconte son passé le fera avec une réflexion d'adulte ! Il posera donc les événements avec une traduction de son esprit, des lignes explicatives, des réponses... ici, toute la première partie est posée sans que les rouages soient expliqués, juste la déchéance d'une famille qui subit coup après coup, la descente aux enfers, refusant la main tendue.

Bilan en quelques mots

Les mots pour : Histoire de la guerre d'Algérie, style et descriptions
Les mots contre : « pleurnichements », personnage principal

Au final 

Si l'histoire de l'Algérie a su trouver un écho en ma mémoire, celle de Younes/Jonas m'a rapidement saoulé. Avis mitigé, donc.

Lu dans le cadre du challenge ABC 2013

8 commentaires :

Mypianocanta a dit…

Le résumé me tentait mais pas plus que ça, ce que tu dis du livre me donne juste envie de zapper.
Et je suis étonnée de ce pseudo si féminin pris par un homme.

Solessor a dit…

Fiou, tu m'as refroidie... J'espère que L'attentat, du même auteur et faisant l'objet d'un baby challenge, sera moins pleurnichard...

nanet a dit…

Ce sont les deux prénoms de son épouse, si j'ai bien compris...

Je voulais lire ce livre, depuis assez longtemps ! Ma mère l'a lu et me l'a conseillé pour la découverte de l'Algérie. Les descriptions sont très belles.
Mais c'est vraiment le côté pleurnichard et le personnage qui m'ont fatigués.

Biz

nanet a dit…

Je l'espère pour toi. Et puis, ce côté pleurnichard ne semble pas gêner d'autres lecteurs...

Biz

Mypianocanta a dit…

Ah c'est une jolie explication :)
Merci !

Frankie a dit…

Dommage pour cet avis mitigé car c'est le livre que j'ai préféré l'an dernier :) Mais c'est vrai que dans l'ensemble je suis d'accord avec toi, surtout concernant Younès que j'aurais baffé aussi parfois. J'ai eu du mal à comprendre ses réactions mais comme tu dis, on voit cela avec notre sensibilité occidentale de femme. Mais tout le reste a su me toucher, notamment la bande de copains et cette évocation d'une Algérie qui n'existe plus. As-tu vu le film ? Si tu le vois, tu risques de le trouver encore plus pleurnichard :) Mais bon, moi je l'ai vu 2 fois, il faut dire que mon mari et bon nombre de mes amis de La Marsa en Tunisie jouent dedans, ça aide à supporter le reste ! ;)

nanet a dit…

Non, je n'ai vu que des extraits, car, comme tu le dis, le caractère de Younes y est encore plus marqué. Du coup, je préfère rester sur cette vision, avec l'Algérie magnifiée.

C'est sur que ton argument est probant ! Voir son zom dans un film, cela doit donner des "palmes" (mai oblige) à ce dernier... Si je me souviens bien, il a aussi joué dans un autre film, l'an dernier ?

Biz

Frankie a dit…

Non c'était le même ! Mais entre le tournage il y a deux ans, la sortie en septembre dernier et la sortie DVD, ça fait un bail que j'en parle ! :D

 

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