La tête de l'emploi de David Foenkinos



Éditeur : J'ai lu — Nb de pages : 286
Série : / 
Catégorie : Contemporain




David Foenkinos est né en 1974 à Paris.

Romancier, il a effectué des études à la Sorbonne, avant de devenir professeur de guitare...



À 50 ans, Bernard se voyait bien parti pour mener la même vie tranquille jusqu'à la fin de ses jours. Mais parfois l'existence réserve des surprises... De catastrophe en loi des séries, l'effet domino peut balayer en un clin d'œil le château de cartes de nos certitudes. Et le moins que l'on puisse dire est que cet homme ordinaire, sympathique au demeurant, n'était pas armé pour affronter ce qui l'attendait.

Buster Keaton post-moderne, il va devoir traverser ce roman drôle et mélancolique pour tenter de retrouver sa place dans un monde en crise.






Quelle n'a pas été ma surprise, il y a quelques jours, de recevoir par le biais d'un commentaire, la proposition de chroniquer ce livre ! Ayant apprécié l'écriture de David Foenkinos dans le roman La délicatesse, j'ai choisi d'accepter de lire un nouveau roman et de vous le présenter.

Je remercie donc les éditions J'ai lu pour ce partenariat privé, qui m'a, en plus, offert le plaisir de redécouvrir un auteur. 


La vie d'un homme qui bascule vers les méandres du désespoir, vers la redécouverte de lui-même, aussi.

La plume de Foenkinos est sans doute possible, ce qui m'a permis d'avancer jusqu'aux derniers mots de cette histoire. Car, soyons honnêtes, l'histoire n'a rien de novateur, et ne m'a pas profondément touché.

Premièrement, je suis une femme, donc les émois d'un homme me laissent un peu pantoise, et je me suis donc sentie plus proche des sentiments de Sylvie, même si... non, je ne dirais rien de plus, à vous de découvrir ses choix.

Deuxièmement, un divorce n'est pas une fin ! Enfin, si, c'est la fin d'une histoire, mais pas la fin d'une vie. C'est juste en page qui se tourne. Or, le personnage le vit, au départ, comme une fin, comme un échec aussi.
« Mais ce qui me dégoûtait encore plus, c'est l'expression : refaire sa vie. Elle me déprimait à un point inouï. Je l’avais toujours trouvée affreuse, et encore plus maintenant qu'on l’associait à moi. Ça voulait dire quoi refaire sa vie ? ça voulait dire que la première avait été ratée, et qu'il fallait donc la refaire ? » (193)
L'auteur en fait le constat, mais c'est un sujet qui a déjà été longuement abordé par d'autres. Toutefois, si le sujet est assez basique, D Foenkinos y ajoute sa propre touche, sa façon de le voir et ses mots m'ont emporté.

Les premiers chapitres, courts, ont été un peu plus difficiles à aborder. Je voyais bien la tournure que prenait l'histoire, avec une descente aux enfers, l'effet domino cité dans le résumé, avec les éléments qui s'enchaînent et le personnage principal qui n'affronte rien, les portes qui se ferment peu à  peu, les amis qui fuient, les évidences qui n'en sont plus. La déchéance. Un homme mis au tapis. Il lui restait à rebondir, se relever.

Mais là, L'auteur a choisi de nous montrer la cruelle réalité. À cinquante ans, on ne rebondit pas : les muscles sont amoindris, les réflexes ont vieilli. Ainsi, pas de miracle, pas de fortune gagnée en grattant un ticket, pas de reconstruction éclair. Juste la réalité d'une vie.

L’introspection — ce livre est écrit à la première personne — d'un homme de cinquante ans. Un homme qui comprend que ses échecs sont aussi dus à la morosité d'une société en proie aux difficultés économiques, aux besoins des autres de se croire différents, de se sortir du lot, de la vie.
« Je trouvais terrible qu'on puisse se dire rien qu'en me regardant : « cet homme a forcément des problèmes avec sa femme. » Je rêvais d'être mystérieux, insondable. Je voulais bien souffrir, à la condition que ma souffrance soit extraordinaire. J'avais mal d'être le pauvre type dont la vie est celle de tout le monde. » (62)
Et c'est là que j'ai commencé à réellement entrer dans le livre. Après une première partie un peu souffreteuse, j'ai enfin pu laisser les mots me guider. Abandonner la sensation de déjà vue, pour accepter ce que l'auteur avait de concret à évoquer. Et la magie des mots, la magie d'une plume, le sens du verbe ont fait le reste. Les cent premières pages ont été lues en deux jours, en posant le livre à plusieurs reprises, en soufflant. Les deux cents suivantes ont été dévorées...


Les personnages sont vus au travers du regard de Bernard. Lui-même se présente à travers d'eux. Il n'est que le reflet de ce qu'ils voient, et, lorsque les autres ne le voient plus, il n'est plus rien. Du moins, en a-t-il la sensation.
« Le passé de nos parents demeure un roman impossible à écrire. On peut recouper les situations, coller les bribes et assembler les virgules, mais quelque chose d'incongru est inhérent à cette réalité. » (14)
Cette façon de présenter les personnages est efficace et donne le ton au livre. On s'attache à eux, sans avoir de description physique. Ils sont tout le monde. Ils sont vous et moi. Du coup, aucun intérêt de les dépeindre.

Ce sont les sentiments, les rapports avec eux qui nous mènent à leur découverte, même pour Sylvie, qui est d'abord décrite très négativement, puis devient belle. L'évolution de Bernard, sa remontée vers la vie lui fait voir les choses différemment ! Le gris s'irise peu à peu.


Les espaces sont réduits et peu décrits, ce qui est normal, l’histoire est contemporaine, et se déroule partout et nulle part. De même, le temps n'a que peu de valeur. On ne sait pas exactement combien de jours s'écoulent. L'auteur donne peu de détails, il évoque des semaines, des mois. Mais cela n'a pas d'importance, on sait, on sent que la chute dure plusieurs jours. La reconstruction aussi.


Les mots pour : Style, quelques brins d'humour, quelques pensées et réflexions sur la vie. Deuxième et troisième parties bien meilleures à mon goût.

Les mots contre : rien de bien probant, un sentiment de déjà vu pour l'intrigue. Première partie un peu souffreteuse.

Notation : 14/20



Une histoire déjà lue, oui. Une vie déjà vue, oui. Mais la force de Foenkinos n'est pas là, elle est dans sa façon de narrer, de nous emporter vers le devenir, alors que tout semble prédire une fin annoncée. Le style de l'auteur, sa plume douce et ses pointes d'humour sauvent ce texte, cette intrigue finalement sans extravagance.

4 commentaires :

stephanie-plaisir de lire a dit…

Tout le monde a l'air tellement charmé par ce livre, j'apprécie tes nuances. Je n'ai las particulièrement apprécié ka Délicatesse mais ce texte me plaira peut être un peu plus.

Ramettes a dit…

Tu en parles bien ! J'ai bien accroché peut-être que parce que je m'approche de sa génération. Mais j'ai eu du mal a écrire ma chronique car on a envie de parler de certains événements ... j'adore ses petites notes en bas de page. La délicatesse reste quand même mon préféré !

nanet a dit…

J'ai préféré la Delicatesse, en fait. Mais celui-ci est très agréable et se lit d'une traite.

Biz

nanet a dit…

c'est vrai, je n'ai pas parlé des notes de bas de page dans l'article, elle sont amusantes ^^

Comme toi, j'ai préféré la Délicatesse.

Biz et merci.

 

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