La Confusion des sentiments de Stefan Zweig



Éditeur : petite bibliothèque Payot - Nb de pages : 165
Série : / 
Catégorie : Nouvelle - Classique



Stefan Zweig est né en 1881 à Vienne et mort par suicide en 1942 au Brésil.

Ecrivain, dramaturge, journaliste, il était aussi  biographe.

Ami de Sigmund Freud, Stefan Zweig fit partie de la fine fleur de l'intelligentsia juive viennoise, avant de quitter son pays natal en 1934 en raison de la montée du nazisme. 


Au soir de sa vie, un vieux professeur se souvient de l'aventure qui, plus que les honneurs et la réussite de sa carrière, a marqué sa vie. A dix-neuf ans, il a été fascine par la personnalité d'un de ses professeurs ; l'admiration et la recherche inconsciente d'un Père font alors naître en lui un sentiment mêlé d'idolâtrie, de soumission et d'un amour presque morbide. Freud a salué la finesse et la vérité avec laquelle l'auteur d'Amok et du Joueur d'Echecs restituait le trouble d'une passion et le malaise qu'elle engendre chez celui qui en est l'objet. Paru en 1927, ce récit bref et profond connut un succès fulgurant, en raison de la nouveauté audacieuse du sujet. Il demeure assurément l'un des chefs-d'œuvres du grand écrivain autrichien. 



Ce livre a été adapté en film (1981 avec Michel Piccoli), en pièce de théâtre...

 




Cette année, j'ai décidé de revenir aux « classiques ». Mypianocanta a eu l'excellente idée de créer un swap sur ce même thème, et C'éra m'a offert, à cette occasion, ce petit livre. Il aurait pu rester un long moment dans ma Pal. Sauf qu'il entre dans le baby challenge Classique... 


Un homme, lors de son départ en retraite, se souvient d'un élément important de sa vie... un de ces détails connus de lui seul, et qui, pourtant, à fondamentalement changé sa vision du monde.


Lire un roman classique est une chose, en faire une chronique en est une autre. Ce roman, comme tous les classiques, a été longuement décortiqué, analysé, et chaque mot pesé. Vous ne trouverez pas, dans les lignes qui suivent, d’analyse littéraire. D’abord, je ne suis certainement pas apte à la faire et je n’en vois pas l’intérêt ! Ce blog parle de mes lectures, de mon ressenti face à chacune d’elles, et n’a pas pour but de vous dévoiler les volontés cachées de chaque auteur…

Du coup, je ne vous raconterai pas ce que tout le monde à déjà dit, sur le côté psychologique du sujet, sur le transfert, sur l’homosexualité et ses raisons intrinsèques, sur tous ces admirables sujets que d’autres ont soigneusement développés ou pompeusement copiés. Surtout que, ce livre, je l’ai étudié. Oui, comme quelques écrits de Freud et d’autres auteurs du même acabit. Alors, il me serait peut-être facile de vous donner une image de ce que ces mots traduisent. Ou pas, car je pourrais très bien avoir complètement oublié les modalités d’analyse des textes, les tenants et les aboutissants, les composantes du transfert, les textes cruciaux relatifs aux relations entre hommes.

Voici donc, une toute petite chronique sans prétention, sur ce que j’ai admiré dans ce roman, en le lisant, cette fois, pour le plaisir et sans traquer les indices, les mots, les références.
Jamais je ne l’ai revu. Jamais je n’ai reçu de lettre ou de nouvelle. Son ouvrage n’est jamais paru, son nom est oublié ; personne ne sait plus rien de lui, en dehors de moi. Mais aujourd’hui encore, je sens une chose : que ce soit mon père ou ma mère avant lui, ma femme ou mes enfants après lui, il n’y a personne à qui je suis plus redevable. Il n’y a personne que j’aie davantage aimé.
Un homme subjugué par son maître, au point de vouloir apprendre la philologie, lui qui, peu de temps auparavant, reniait les études pour s’adonner à la vie facile. Son amour des lettres et de ce professeur glissera (la confusion des sentiments) vers une relation douloureuse, réfutée par la morale. Si le jeune homme est naïf de ce fait, le professeur, lui, sait. Et il tait son savoir.

La beauté du texte est liée à la simplicité des mots apposés tel un poète, avec, parfois, un jeu sur les doubles sens, comme dans cet exemple, où l’auteur se joue des volcans et des éruptions… tout en rendant son texte limpide. Jeu de mots, jeu d’auteur. Et sens cachés.
« Je me dressais obstinément contre cœur de braise qui je croyais percevoir, volcanique, sous le rocher du silence. Enfin, par une heure de chance, je parvins pour la première fois à faire irruption dans son monde intérieur. » (89)
La beauté est aussi liée à la magnificence des phrases qui coulent et nous emportent, doucement, vers ce dénouement dramatique. L’intrigue est doucereuse. Les sentiments du jeune homme saisissent, et se partagent. Sa passion pour les textes de Shakespeare (passion de l'auteur, aussi) porte à lire ces textes, et celle naissant peu à peu pour son mentor tend à nous faire apprécier cet homme.

L’ambiance est dépeinte avec talent, donnant une atmosphère intime à la relation entre les deux hommes, pourtant très sage dans la majeure partie du livre, l’un professant, l’autre écoutant. Enfin, le secret se dévoile au fil des mots, et des pages, comme celui de l’histoire qui arrive peu à peu, après quelques savantes touches et indices.

Bref, j'ai adoré replonger dans ce court texte, que j'avais oublié, comme beaucoup de ceux qui m'ont été imposés.


Roland, le jeune homme et son maître. Presque un huis clos, si la femme du maître n'avait pas aussi son importance. Des personnages sont présentés tout au long de la nouvelle, avec des apports complémentaires, des petites touches de couleur.


Le temps est évoqué au fil des pages donnant une avancée dans les relations de Roland et de son professeur. Les lieux sont décrits rapidement, ce n'est pas le but de l'auteur.


Les mots pour : Style épuré et poétique. Intrigue.

Les mots contre : /

Notation : 18/20



Très beau texte que j'ai pris plaisir à relire... alors que je pensais le découvrir. Belle plume et sujet qui me tiennent à cœur.

10 commentaires :

Unchocolatdansmonroman a dit…

et bien je ne l'ai pas lu ce Sweig là ! Mais j'aime sa plume, généralement concise et envoûtante. Ce que tu en dis me donne très envie de le découvrir.

Loliepelote a dit…

tu me donnes très envie de le lire. J'hésitais entre tous ses romans, je commencerais donc pas celui-là.

Frankie a dit…

J'avais moins aimé que Le joueur d'échecs mais l'écriture de l'auteur avait vraiment su m'emporter.

cera una volta a dit…

Me voilà bien contente de lire que ce roman t'a conquise. J'apprécie beaucoup cet avis concis qui en quelques lignes me donne fortement envie de découvrir cet auteur que je n'ai pas encore lu.

Solessor a dit…

Je suis tentée moi aussi. Je n'ai rien lu de l'auteur, peut-être commencerai-je par là, du coup !

nanet a dit…

Tiens, c'est marrant, tu notes Sweig ! Cette plume est belle, et je lirais le joueur d'échec un jour (celui là, je suis sûre de ne pas l'avoir lu) et Fouché, que j'ai dans ma Pal...

nanet a dit…

Je ne sais pas si c'est le meilleur, mais il est très court et se lit fort bien, donc parfait pour démarrer...

nanet a dit…

Il me faudra lire ce fameux jouer d'échec !

nanet a dit…

Merci à toi de e l'avoir fait "lire" ! un choix parfait ^^

et merci pour cet "article concis" que j'ai eu énormément de mal à réaliser.

nanet a dit…

Comme pour Pimousse, je suis mal placée pour te conseiller, je ne me souvenais même pas de l'avoir déjà lu (honte sur moi ^^) Mais c'st un très beau texte, donc, n'hésite pas.

 

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